
.L’événement n’a été commenté dans aucun grand média, et on comprend pourquoi : au moment où l’Union européenne (UE) du traité de Lisbonne - celle de la « concurrence libre et non faussée » et de l’indépendance de la Banque centrale -, s’enfonce dans la discorde, la récession et, en Grèce, dans le chaos social, il aurait été mal venu de faire savoir qu’un autre type de construction interétatique régionale était possible… Cet événement, c’est le 11ème Sommet de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) qui s’est tenu à Caracas les 4 et 5 février.
(...) L’accord pour la constitution de l’espace économique de l’ALBA-TCP (ECOALBA-TCP) est sans conteste le document le plus ambitieux issu du Sommet de Caracas car il a une portée qui dépasse le cadre de l’Amérique latine. Il se lit comme un réquisitoire contre les traités de libre-échange en général et, pour un Européen, comme un manifeste contraire aux principes régissant l’UE dans la mesure où il subordonne l’économie et le commerce à des finalités politiques, sociales, écologiques et culturelles. On citera seulement ici quelques éléments d’un texte de 20 pages qui mérite d’être lu intégralement [1]

(...) Dans le préambule, l’objectif assigné à l’ECOALBA est « la distribution équitable des richesses et l’encouragement à des formes de propriété populaires, coopératives et sociales des moyens de production ». L’intégration n’est pas contradictoire avec des politiques nationales volontaristes : « Tous les pays peuvent s’industrialiser et diversifier leur production par une croissance intégrale de leur économie. Nous rejetons la prémisse « exporter ou mourir » et remettons en cause un modèle de développement fondé sur des enclaves exportatrices » (article 2.4). Est reconnu le droit, « pour des pays moins développés, d’augmenter leurs droits de douane pour protéger leurs industries naissantes, ou lorsqu’ils l’estiment nécessaire pour leur développement interne et le bien-être de leur population » (article 2.11). On n’en finirait pas de relever toutes les ruptures que contient cet Accord avec les règles de l’OMC, du FMI et de la Banque mondiale. Sans parler de celles de l’UE, déjà citée… (...)