
« La Chine est devenue, en vingt ans, le principal bailleur de l’Afrique subsaharienne, détenant 62,1 % de sa dette externe bilatérale en 2020, contre 3,1 % en 2000 », rapporte la direction du Trésor, dans un bulletin de novembre 2021.
En valeur absolue, le pays est donc le premier créancier de la région. De son côté, le recours au financement bilatéral, d’État à État, représente le quart de la dette d’Afrique subsaharienne. Les membres du Club de Paris, qui regroupe notamment les anciennes puissances coloniales, représentent désormais un peu moins de 20 % de cette dette bilatérale.
Investissements ciblés
Djibouti, la République du Congo et l’Angola ont la moitié de leur dette aux mains de bailleurs chinois. Dans les faits, Pékin investit par le truchement de deux banques étatiques : la China Eximbank et la Banque de développement de Chine.
« Les Chinois investissent s’il y a des ressources importantes de matières premières, ou s’il y a la possibilité de financer de grands projets d’infrastructures, comme en Éthiopie et à Djibouti par exemple, analyse Thomas Mélonio, le directeur exécutif de l’innovation, de la recherche et des savoirs à l’AFD, l’Agence française de développement. Pour réaliser les projets d’infrastructures, la Chine a pu recourir à de la main-d’œuvre nationale, mais il y a eu de la contestation parmi les populations locales. Résultat, on observe une diminution de cette pratique. Par ailleurs, la main-d’œuvre chinoise est plus chère. »
Crainte de saisie d’actifs
Autre controverse autour des prêts chinois, les « garanties » introduites dans les contrats en cas de défaut de paiement. « Le cas emblématique – mais unique, à ce stade – de la saisie du port de Hambantota (Sri Lanka) par la Chine en raison du non-remboursement du prêt ayant permis sa construction alimente régulièrement les suspicions de saisie d’infrastructures stratégiques sur le continent africain », note la direction du Trésor dans une note de janvier dernier. (...)