
Oubliés l’Amérique du sud, le Proche-Orient et l’Asie du sud-est : les sociétés d’armement s’attaquent désormais au continent africain.
Les marchands de mort, toujours plus dépendants des exportations en raison des coupes claires dans les budgets de la défense des pays occidentaux, se sont créés un nouvel horizon là où les guerres sont légions… et où de nouvelles ressources sont régulièrement découvertes. Selon l’hebdomadaire Defense News, les dépenses militaires en Afrique dépasseront les vingt milliards de dollars durant la prochaine décennie.
Les raisons d’un tel boom sont multiples. En premier lieu, le potentiel offert par les armées du continent noir, qui représente 20 % des terres émergées. Depuis le processus de décolonisation qui a connu son point culminant dans les années soixante, l’Afrique a connu plus de rébellions, de coups d’État et de guerres civiles que n’importe quelle autre région du monde. Selon le programme de recherches étasunien Correlates of War, on y a dénombré au cours des soixante dernières années vingt-cinq conflits armés et cent-vingt-sept guerres civiles qui ont coûté la vie à quelque vingt millions d’êtres humains. Les personnes déplacées se comptent quant à elles par milliers… et les blessés par dizaines de millions. Nombre de ces conflits, appelés « guerres oubliées » car inconnues du grand public, se déroulent encore aujourd’hui en Afrique.
Depuis soixante ans, les ex-puissances coloniales ont aidé telle ou telle guérilla dans l’espoir bien évidemment d’un retour sur investissement. (...)
Dans un article de la revue Oxford Analytica, on note que les armées sub-sahariennes connaissent une période de croissance extraordinaire, malgré une propagation continue de la pauvreté dans la société civile. Selon cette même revue, la cause est à chercher dans les opérations de maintien de la paix financées par de riches donateurs étrangers : « depuis 2001, les armées africaines ont profité d’un apport extérieur à un niveau jamais vu depuis la Guerre froide ». Sont particulièrement concernés l’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda et le Nigéria. « Les programmes européens et étasuniens, peut-on encore lire dans la revue, ont financé plusieurs initiatives visant à stabiliser et consolider la démocratie, mais les résultats sont malheureusement très mitigés sur le terrain ». (...)