
Il apparaît très probable que « Le Capital au 20e siècle », l’imposant opus de l’économiste français Thomas Piketty, sera le livre économique de l’année et peut-être même de la décennie. Monsieur Piketty, sans doute le plus grand expert mondial des inégalités de revenus et de patrimoine, fait plus que mettre en évidence la concentration croissante des revenus dans les mains d’une élite économique restreinte.
Il offre également une démonstration puissante d’un retour de nos économies vers un « capitalisme patrimonial », dans lequel la domination économique s’effectue non seulement par la richesse, mais également par la richesse reçue en héritage, où la naissance importe plus que le mérite et le talent.
Pour être exact, M. Piketty précise que nous ne sommes pas encore tout à fait parvenus à ce stade. Jusqu’à présent, l’enrichissement du premier pourcentage des américains les plus aisés a été davantage tiré par les salaires des dirigeants d’entreprise et les bonus plutôt que par les revenus de placement, qui sont bien souvent le fruit d’un héritage. Mais 6 des 10 américains les plus riches sont des héritiers et non des entrepreneurs ayant atteint seuls cette position, et les enfants des élites économiques actuelles démarre dans la vie avec des immenses privilèges. Comme M.Piketty le remarque, « le risque d’une dérive vers un système oligarchique est réel et ne laisse que peu de raisons d’être optimiste. » (...)
Le point crucial dont il importe de se rappeler, cependant, est que les personnes à l’intérieur de cette bulle ont énormément de pouvoir, qu’ils exercent en faveur de leurs patrons. Et la dérive vers l’oligarchie continue.