
C’est la question à laquelle devait répondre l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), à la demande du Commissariat général à la stratégie et à la prospective, chargé de soutenir le gouvernement dans sa réflexion sur les grandes orientations nationales. Publié le 14 octobre dernier, le document de l’Inra a suscité quelques remous parmi les chercheurs et les acteurs de l’agriculture biologique.
Selon le syndicat Sud recherche, les recommandations finales de ce rapport très fourni et détaillé sont « stupéfiantes ». Et notamment la partie dédiée à la « conventionnalisation », cette tendance de l’agriculture biologique à adopter des caractéristiques de l’agriculture conventionnelle, notamment en terme d’échelle. Les chaînes d’approvisionnement en produits bio tendent à s’internationaliser, donnant l’avantage au plus offrant (lire notre article, L’agriculture bio prise au piège de la grande distribution). Le rapport tranche pour un relâchement des contraintes de l’agriculture biologique, déplore le syndicat. Et recommande notamment d’y autoriser l’usage des pesticides de synthèse ! (...)
la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) estime que la question de départ de cette recherche est mal posée : l’Inra présuppose que l’agriculture bio n’est pas productive, ni compétitive, comparée à l’agriculture « conventionnelle ». « Le rapport de l’Inra répond à un appel d’offre. M. Guyomard était donc obligé de conclure, en fonction de la commande, et donc de la question posée. Ce qu’il faut, c’est changer de lunettes. C’est un exercice difficile pour l’appareil d’État, Inra compris. »