
L’extractivisme doit être compris ici comme le pillage des ressources naturelles, des ressources humaines et des ressources financières
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Dans l’extractivisme, l’agriculture a une place très importante à travers les questions de l’accaparement des sols, des monocultures d’exportation, de la privatisation de l’eau et de la consommation de pétrole. Un rapide retour en arrière sur nos ancêtres lointains est éclairant. Le Néolithique, ou nouvel âge de pierre, il y a 12 000 ans, est considéré comme le passage d’une économie de prélèvement à une économie de production. Disparition progressive des chasseurs-cueilleurs début de la culture des céréales et de la domestication des animaux. Or l’agro-extractivisme, ou l’industrialisation agricole, issu de la « révolution verte » du 20ème S, n’entraine-t-il pas une nouvelle forme de prélèvement-prédation ? L’utilisation-destruction de la fertilité des sols, de l’eau douce et des forêts plus la consommation considérable de pétrole et autres intrants miniers ne sont-ils pas un prélèvement injustifiable des ressources de la planète ?
L’appropriation privative des « communs », que sont la terre et l’eau, par l’agriculture productiviste est due à la recherche effrénée de profits et non pas à la volonté de nourrir la planète, sinon elle aurait depuis longtemps réussi : la faim et la malnutrition auraient disparu. Cette dépossession colossale est sans commune mesure avec la prédation de nos ancêtres cueilleurs-chasseurs par unité humaine. De plus elle ne prend pas plus en compte les besoins des générations futures, bien au contraire. (...)
Une étude menée en Suisse depuis 1978 sur des parcelles conduites en conventionnel, en bio et en biodynamie montre que sur 30 ans les rendements bio sont de plus de 80 % de ceux du conventionnel. Mais c’est dans les pays du tiers-monde (premiers concernés par la problématique alimentaire) que les résultats des techniques biologiques sont les plus impressionnants. En effet, les sols et les paysanneries asiatiques, africains ou sud-américains sont bien mieux adaptés aux cultures associées, à l’utilisation de nombreuses variétés et à des rotations complexes qu’à des monocultures, des variétés standardisées et une mécanisation souvent impossible. |2|
. 1. Dans les PED, libre-échange et exportations agricoles forcées
Pour imposer le libre-échange des marchandises et des capitaux, la grande crise de la dette des années 1980 au Sud a été une formidable opportunité pour les pays industrialisés. De nombreux PED, incapables de faire face aux remboursements ont accepté de prendre des mesures antisociales. Malgré les émeutes de la faim anti FMI de l’époque, les trop fameux PAS (plan d’ajustement structurel), ont été appliqués, produisant un profond appauvrissement des populations et une obligation d’exporter en particulier des produits agricoles pour obtenir les devises nécessaires aux remboursements.
On retrouve un schéma de dépendance économique analogue à celui de la période coloniale. Les armées d’occupation sont remplacées par des bureaucrates étrangers en col blanc, qui délivrent des prêts conditionnés à une libéralisation économique maximale et à l’obligation de produire des denrées agricoles exportables. L’agriculture paysanne et vivrière y a perdu une partie de ses ressources. Il n’est que temps qu’elle retrouve son statut de fournisseur de l’alimentation des peuples, car l’agriculture productiviste, au Nord comme au Sud, s’est révélée incapable de pourvoir à l’alimentation de près d’un milliard d’affamés depuis plusieurs décennies.
Les pertes liées au libre-échange (...)
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