
L’oignon Tor vient-il d’être pelé par des chercheurs français ? Une équipe dirigée par l’informaticien Eric Filiol affirme avoir mis au point une méthode qui a permis d’identifier l’ensemble des nœuds du réseau, afin de procéder au déchiffrement des communications, à l’infection et à la manipulation du trafic.
Né au début des années 2000, le projet Tor a eu pour ambition de fournir aux journalistes et aux dissidents du monde entier un niveau de protection sur Internet suffisamment haut afin de leur permettre de s’exprimer librement, en contournant le filtrage et la censure et sans craindre d’éventuelles représailles orchestrées par les régimes autoritaires.
Pour cela, le réseau Tor propose un "routage en oignon" qui offre un accès en ligne chiffré et anonyme. (...)
L’anonymat offert par Tor, récompensé ce printemps par la FSF pour son intérêt social, vient toutefois d’être ébranlé par l’équipe de chercheurs dirigée par Eric Filiol, directeur de la recherche à l’ESIEA et du laboratoire en cryptologie et virologie opérationnelles. Les scientifiques français affirment avoir réussi "à briser à la fois l’anonymisation et le chiffrement, [...] ce qui nous permet d’accéder à la totalité des informations claires". (...)
Sur les trois couches de protection, deux été amoindries et la troisième a été percée par une méthode statistique. De là, les échanges entre les différents nœuds peuvent être déchiffrés sans aucune difficulté. "La cryptographie implantée dans TOR est mauvaise" a lancé le directeur du laboratoire.
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La conférence donnée par Eric Filiol et détaillée par nos confrères sera suivie d’une présentation plus complète à la fin du mois. En attendant, le directeur de l’ENSIEA s’est montré critique envers Tor."On fait confiance à un réseau mais pas avec une vision globale de sécurité. (...)
Toute la question est de savoir comment le projet Tor va réagir suite aux recherches des chercheurs français.
L’étude conduite par les chercheurs français est évidemment une mauvaise nouvelle, à la fois pour le réseau Tor et pour les dissidents et journalistes du monde. Pour Tor d’une part, car la confiance dans le réseau risque d’être ébranlée si la méthode des chercheurs est valide. Pour les utilisateurs d’autre part, car cela les place en mauvaise posture face à des régimes autoritaires comme l’Iran, qui cherche à en finir avec Tor.