
L’artiste contestataire chinois Ai Weiwei, superstar en Occident mais répudié dans son pays, préside à distance le jury du Festival du Film sur les Droits Humains de Genève. Dans l’interview accordée à Pékin à notre partenaire swissinfo.ch, le rebelle assure que seul sa disparition le réduira au silence.
Pour sa 11e édition, le Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH), dont Rue89 est partenaire, donne un coup de projecteur sur les artistes « qui se retrouvent en première ligne pour faire voler en éclats les régimes autocrates, les forces obscurantistes et les injustices », selon les mots du directeur du festival Léo Kaneman. Dont Ai Weiwei. (...)
"Je n’ai pas suivi le discours du premier ministre Wen, car les belles paroles sans contenu me fatiguent énormément. Je crois qu’ils nous racontent les mêmes mensonges depuis 60 ans, se répètent incessamment, sans la moindre gêne.
Toute la politique culturelle du parti est une négation de la culture, elle s’oppose au genre humain. Elle limite fondamentalement la liberté d’expression des citoyens. Aujourd’hui, comme les jeunes n’ont pas la liberté de s’exprimer et de s’informer, ils n’ont ni passion ni imagination.
Dans une société pareille, comment pourraient-ils générer une puissance créatrice ? Mensonges ! Ce sont des mensonges et tout le monde le sait bien.
Ou alors, ils génèrent une créativité infâme. Aujourd’hui, la Chine produit ce qu’elle appelle des « réalisations remarquables », qui sacrifient la créativité et l’imagination de la nation. Nous vivons dans une société esclavagiste moderne, qui rêve de puissance et de richesse tout en niant l’idée de civilisation spirituelle." (...)