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Amnesty International
L’avortement et la contraception : des soins de santé urgents et essentiels
Article mis en ligne le 10 mai 2020

La pandémie de Covid-19 qui s’étend à tous les pays du monde pousse les systèmes de santé au bord de la rupture. De nombreuses personnes sont ainsi confrontées à des difficultés d’accès à l’avortement et à la contraception.

Face à l’ampleur de la crise sanitaire, les gouvernements sont dans l’obligation de prendre des décisions difficiles quant à l’attribution de leurs ressources limitées. Si dans certains pays l’avortement et la contraception restent accessibles, les restrictions de déplacements, les mesures de distanciation sociale, les pertes d’emploi et les pénuries de médicaments créent de nouveaux obstacles et diminuent l’accès à ces services. Dans des pays comme au Népal et en Afrique du Sud, les prestataires de services d’avortement et de contraception ont été forcés de réduire leurs activités. (...)

3 millions de grossesses non désirées supplémentaires

Les services de santé sexuelle et reproductive doivent rester disponibles et accessibles pendant et après la pandémie. Chaque jour, une grossesse sur quatre dans le monde se termine par un avortement. Mais en raison de lois restrictives, tout le monde n’a pas accès à cette procédure en toute sécurité. (...)

Les recherches montrent que lorsque les femmes se voient refuser l’accès à la contraception et à l’avortement sécurisé, le taux de mortalité maternelle augmente. Cela comprend les décès en couches et ceux provoqués par des avortements dangereux.

L’ONG Marie Stopes International (MSI), qui fournit des services de contraception et d’avortement dans 37 pays, a averti des conséquences potentiellement dévastatrices du Covid-19 sur la santé maternelle. Elle estime que dans les pays où elle intervient, les perturbations liées au Covid-19 pourraient entraîner 3 millions de grossesses non désirées supplémentaires, 2,7 millions d’avortements dangereux supplémentaires et 11 000 décès liés à des grossesses supplémentaires.

Lors de pandémies précédentes, comme celle d’Ebola en Afrique de l’Ouest, les programmes de santé reproductive ont vu leurs ressources largement diminuer, entraînant ainsi une augmentation de la mortalité maternelle. Les recherches ont ainsi montré dans certains pays une régression de 15 ou 20 ans des progrès en matière de mortalité maternelle.
En Sierra Leone, on estime que la limitation de l’accès à la santé reproductive a entraîné au moins autant de morts que l’épidémie d’Ebola. (...)

des chiffres qui concordent avec l’augmentation considérable des violences sexuelles et la fermeture des écoles pendant cette période. (...)

Des conséquences néfastes à long terme

Ces tendances risquent de se répéter pendant la pandémie de Covid-19. (...)

En donnant aux femmes et aux filles les moyens de décider elles-mêmes de leur avenir, la contraception change des vies. L’autonomisation des personnes favorise le développement social et économique, ce qui contribue à la réalisation des droits et réduit la charge sur le système de santé.

D’après des estimations, chaque dollar dépensé pour prévenir les grossesses non désirées permet de réduire le coût des soins de grossesse de 20 dollars. En outre, l’Organisation Mondiale de la Santé estime que le coût annuel de la prise en charge des complications graves liées à des avortements dangereux est de 553 millions de dollars.

Protéger les avancées en matière de droits reproductifs (...)

Ces 25 dernières années, plus de 50 pays ont modifié leur législation pour faciliter l’accès à l’avortement et aux soins post-avortement. Ils reconnaissent ainsi le rôle vital de l’accès à un avortement sécurisé pour protéger la vie et la santé des femmes. Il est essentiel que les effets de la pandémie de Covid-19 ne réduisent pas ces progrès à néant.

D’autre part, le risque que les législateurs anti-avortement et anti-contraception se servent de la pandémie comme prétexte pour orchestrer un recul des droits reproductifs durement acquis existe. Nous l’avons déjà constaté dans les États américains du Texas et de l’Ohio, ainsi qu’en Pologne. (...)