
Le 16 septembre, Acrimed était invitée devant la section de l’Éducation, de la culture et de la communication du Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui prépare un avis intitulé « L’éducation aux médias et à l’information au défi des mutations du monde des médias ». Voici en substance la teneur de notre propos lors de l’entretien avec la rapporteure Marie-Pierre Gariel.
1. Une préoccupation institutionnelle récente (...)
2. Quelle EMI ? (...)
La posture critique défendue par Acrimed, radicale, intransigeante et indépendante, nourrie des acquis de la littérature en sciences sociales (économie et sociologie des médias) ainsi que des savoirs militants, syndicaux et politiques, des professionnels des médias, est un prérequis de notre activité d’observation et informe constamment nos initiatives. Une telle posture n’a évidemment pas vocation à structurer une EMI destinée à être principalement déployée par l’Éducation nationale, laquelle devra essentiellement sensibiliser aux outils et techniques d’accès à l’information – l’éveil d’un regard critique ne pouvant advenir que sur cette base, dans un second temps. (...)
plutôt qu’une éducation aux médias, nous nous inscrivons davantage en faveur d’une réflexion et d’une action collective qui puissent inclure et questionner les pratiques de chacun. La figure de l’intelligence collective nous semble ici plus pertinente à développer, plutôt que d’entrevoir les apprentissages info-documentaires passant exclusivement par une communauté d’experts ou d’initiés, qui, à l’heure actuelle, ne peuvent couvrir l’ensemble du spectre des pratiques médiatiques et/ou en rapport avec les médias. (...)
Quid du modèle économique ? À tous les niveaux, l’EMI se heurte à la raréfaction des financements publics malgré la volonté affichée depuis au moins quatre ans... Le CLEMI souffre d’un sous financement chronique dénoncé par son ancienne directrice, Divina Frau Meigs qui claquera la porte en novembre 2015, un an après sa nomination, « pour ne pas cautionner la dilution du Clemi dans Canopée [17]... et pour alerter sur la souffrance de l’équipe [18]. Au niveau local, des acteurs issus du monde associatif et de l’éducation populaire sont, de la même façon, entravés par la raréfaction des subventions publiques qui ne permet ni aux établissements scolaires, ni aux organismes socioculturels de rémunérer des prestations d’intervenants spécialisés en EMI. Partant de ce constat, un vrai modèle économique est à imaginer afin qu’il puisse intégrer une grande variété d’acteurs de l’EMI et leur garantir une certaine stabilité financière dans leur activité. En bref, tout reste à faire ! (...)
En guise de conclusion, il est à souligner que l’éducation aux médias et à l’information doit être considérée comme une problématique traversant l’ensemble de la société, alors même que l’action publique semble avoir tendance à l’envisager prioritairement en direction des classes populaires ou des habitants des quartiers dits « prioritaires » [19]. Pourtant, si une préoccupation grandissante se fait jour autour de l’EMI, et notamment quant aux fausses informations, force est de constater que, des hautes sphères de l’État à « la fine fleur du journalisme » [20], nul n’est exempt de ces travers. (...)