
4,8 millions de personnes sont pauvres en France en 2020 selon l’Insee (donnée communiquée pour information mais non validée). Autrement dit, 7,6 % de la population vit sous le seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian, soit 940 euros par mois pour une personne seule en comptant les prestations sociales.
On peut voir la bouteille à moitié pleine. Depuis le début des années 2000, la pauvreté s’est stabilisée. Bon an, mal an, le taux de pauvreté oscille depuis 20 ans entre 6,5 % et 8,5 % de la population. Le nombre de personnes pauvres a augmenté de 500 000 sur la période, parallèlement à la croissance de la population. La pauvreté n’explose pas. Notre modèle social contient mieux la pauvreté que la plupart des pays européens, autant dire la plupart des pays du monde. (...)
Malgré un recul de 8 % du produit intérieur brut [1] (PIB) en 2020 par rapport à l’année précédente, la pauvreté est restée stable. Le nombre d’allocataires du RSA est inférieur, en juin 2022, à celui de juin 2019. On est loin du million de pauvres supplémentaires craint par les commentateurs les plus alarmistes. (...)
On peut aussi considérer la bouteille à moitié vide. Nul besoin de « nouveaux pauvres » pour alerter sur la situation sociale. Après des décennies de recul de la pauvreté en France, la tendance à la baisse s’est arrêtée net au milieu des années 1980. Cela fait déjà 35 ans que la pauvreté ne baisse plus. Le niveau de vie mensuel des 10 % les plus pauvres stagne depuis le début des années 2000 : 723 euros en 2003 (en euros de 2019, pour tenir compte de l’inflation), contre 726 euros en 2019. Avant prestations sociales, ce n’est pas de stagnation qu’il s’agit, mais de régression : leur revenu déclaré est passé de 687 euros au maximum par mois en 2003 à 673 euros en 2019 [2].
Alors que les Français – classes moyennes et aisées comprises, salariés en CDI et travailleurs indépendants inclus – ont bénéficié d’un soutien massif de leurs revenus en 2020, dans une crise sanitaire et économique inédite, on laisse persister dans notre pays les situations les plus indignes. Nous consacrons un dossier complet à la grande pauvreté. 300 000 personnes sont sans domicile selon la Fondation Abbé Pierre en 2021. Près de 150 000 n’avaient trouvé qu’un toit très précaire, en hébergement d’urgence ou à l’hôtel lors du décompte d’août 2022 réalisé par l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Entre 2 et 4 millions de personnes font appel à l’aide alimentaire,selon l’estimation la plus prudente de l’Insee. Les revenus des plus pauvres sont très inférieurs au seuil de pauvreté de 940 euros. Ils se résument aux 500 euros procurés par le RSA, voire encore moins puisque les jeunes sans ressources de moins de 25 ans, les demandeurs d’asile, les sans-papiers ou les habitants de Mayotte, pourtant un territoire d’outre-mer français, n’ont droit qu’à un montant encore plus faible, voire à rien du tout.
La pauvreté ne frappe pas au hasard (...)
Selon les catégories auxquelles vous appartenez, vous êtes très inégalement exposé au risque d’en faire partie. La moitié des pauvres ont moins de 30 ans. (...)
Ce sont d’abord les enfants de parents pauvres qui subissent le chômage ou travaillent pour des salaires trop faibles. Ce sont aussi les jeunes adultes dont les moins diplômés sont confrontés à des difficultés d’insertion dans le monde du travail de plus en plus graves. 19 % des 18-29 ans sont pauvres : presque un sur cinq. (...)
La moitié des personnes pauvres sont célibataires, avec ou sans enfant(s). Les femmes seules avec enfant(s) sont les plus exposées. 19 % des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté.
La moitié des adultes pauvres sont inactifs. Ce sont parfois des retraités. Bien plus souvent des femmes au foyer et des personnes trop découragées pour chercher un emploi. Pour autant, être actif ne protège pas de la pauvreté. Le chômage ne pardonne rien aux plus précaires, notamment les jeunes qui débutent et les chômeurs de longue durée (...)
Les milieux populaires sont beaucoup plus concernés. (...)
Les immigrés sont également surreprésentés (...)
ils sont plus jeunes que la moyenne, souvent peu diplômés, et occupent des métiers mal rémunérés. En plus, ils subissent des discriminations à l’embauche et, rappelons-le, pour les étrangers d’une nationalité hors de l’Union européenne, l’interdiction d’accéder à un emploi sur cinq.
Enfin, on sait peu de choses de la pauvreté des personnes handicapées. Une chose est sûre, elles sont bien plus exposées aux bas revenus que les autres. (...)
Dans le dernier chapitre de notre Rapport sur la pauvreté en France, nous dessinons la carte de France des pauvres. La pauvreté est dans les centres-villes des communes les plus riches, dans les cités de banlieues, à la campagne, etc. Dans des régions qui ont subi une désindustrialisation dramatique pour l’emploi, dans des zones dynamiques qui attirent les jeunes à la recherche d’un travail, ou dans celles qui accueillent les étrangers qui arrivent en France. Au total, les pauvres vivent en grande majorité dans les grandes villes. (...)
Nous zoomons aussi sur les communes les plus touchées. (...)
Pour la première fois, à notre connaissance, nous montrons qu’un découpage plus fin des grandes métropoles permet d’identifier en leur sein des zones qui comptent autant de personnes pauvres que les communes pauvres de notre classement.
En descendant à l’échelle des quartiers, nous apportons enfin les dernières données sur les quartiers repérés comme les plus pauvres par l’État dans le cadre de la politique de la ville. (...)
Pour la première fois, à notre connaissance, nous montrons qu’un découpage plus fin des grandes métropoles permet d’identifier en leur sein des zones qui comptent autant de personnes pauvres que les communes pauvres de notre classement.
En descendant à l’échelle des quartiers, nous apportons enfin les dernières données sur les quartiers repérés comme les plus pauvres par l’État dans le cadre de la politique de la ville. (...)