
Notre attention avait été attirée depuis longtemps par la prolifération, sur les sites d’extrême-droite, d’articles de dénonciation des médias, pas assez complaisants à leur goût avec leur « pensée ». Et depuis peu par l’annonce d’un nouvel Observatoire. Il vaut la peine d’y regarder de plus près.
(...) Ils se défendent souvent d’être d’« extrême droite », puisqu’ils transcenderaient tous les clivages Qui sont-ils ? Ce sont les sites, nombreux et interconnectés, qui défendent une version nationaliste de la souveraineté nationale, une version xénophobe d’une prétendue identité française, un libéralisme économique national opposé au libéralisme économique transnational, une critique de la globalisation capitaliste qui, sous le terme de mondialisme, esquive le qualificatif.
Comme ce fut toujours le cas avec l’extrême droite et culmina avec le fascisme et le nazisme, les sites d’extrême-droite se nourrissent de thèmes apparemment anticapitalistes contre « l’oligarchie » ou la « tyrannie médiatique », et se drapent derrière la défense du « peuple » – le « vrai » - contre les élites. Dans leur prose et leurs vindictes, l’islam d’aujourd’hui – rebaptisé islamisme - a remplacé le judaïsme d’hier. (...)
leur prétendue critique des médias n’est que l’habillage de leur propagande générale et d’un projet politique global.
En première ligne, de ces sites de propagande qui vomissent tous les journalistes et tous les médias qui ne partagent pas leurs obsessions et uniquement parce qu’ils ne partagent pas ces obsessions (...)
« L’Observatoire des journalistes et de l’information médiatique » (OJIM), a été créé très récemment par Claude Chollet, un ancien dirigeant des labos Ipsen, mais aussi un ancien du Grece (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne) au sein duquel se regroupait la « Nouvelle droite ».
Contrairement à Polémia (et à la flopée de sites équivalents), on ne trouve sur le site de l’OJIM aucun signe apparent de proximité avec l’extrême droite. Du moins au moment nous écrivons ces lignes. Aucun des liens proposés par le site ne renvoie à des sites d’extrême droite, mais à des sites et des médias classés « à gauche », à l’exception de… Polémia.
En revanche les sites d’extrême droite font grand cas de l’OJIM. (...)
Mais que trouve-t-on sur le site de l’OJIM (dont la présentation est très élaborée) ? Presque rien pour l’instant, mais des priorités significatives.
Plutôt que d’informer sur l’information (selon notre – heureuse - formule), l’OIJM informe prioritairement sur « ceux qui nous informent », dont il multiplie les « portraits ». Et cette information consiste non seulement à retracer leur carrière professionnelle, mais à débusquer leurs préférences politiques quelles qu’elles soient et quelle que soit leur incidence sur leurs pratiques journalistiques, pour peu que ces préférences ne soient pas d’extrême-droite. (...)
On peut également lire sur le site de l’OJIM (comme sur d’autres sites du même genre), une critique apparemment élogieuse du documentaire Les Nouveaux Chiens de garde, attribué à tort à une équipe d’Acrimed, un « mouvement […] venu de l’ultra-gauche » L’ultra-gauche ? Ce vocabulaire avoue son origine. Et de reprocher au film (en revendiquant la caution d’un Bourdieu imaginaire…) de ne pas partager les thèmes coutumiers d’une certaine extrême-droite
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