
L’impact du domaine numérique sur la sécurité internationale semble présenter des tendances inquiétantes : le vol et la diffusion des outils informatiques de la NSA, la créativité sans cesse croissante des organes de sécurité russes pour tenter d’influencer les perceptions, la tendance à laisser les acteurs privés passer à l’offensive et l’échec apparent du cycle de négociations du Groupe d’experts gouvernementaux des Nations Unies sur la sécurité de l’information en juin 2017. Cependant, même les États rivaux semblent s’abstenir d’utiliser les armes numériques pour causer des dommages physiques, évitant ainsi de franchir le seuil de la guerre.
Le paysage stratégique international demeure donc marqué par l’incertitude. (...)
Les développements politiques liées aux technologies numériques présentent des tendances inquiétantes. Les caractéristiques techniques et les usages stratégiques semblent accroître l’incertitude et l’instabilité des relations stratégiques internationales.
Afin de mesurer ces tendances, cet article propose trois arguments.
– Premièrement, le domaine numérique élargit le panel d’options disponibles et augmente donc la marge de manœuvre des acteurs dans la mesure où ceux-ci peuvent poursuivre des objectifs en évitant d’encourir les pénalités liées au recours à la force.
– Deuxièmement, cela encourage des acteurs désireux d’améliorer leur position sur la scène internationale voire de remettre en cause l’ordre politique et social dans un contexte de rivalités croissantes.
– Troisièmement, la configuration politique et stratégique joue sur les incitations négatives à agir sur le haut du spectre de la conflictualité tout en générant des risques d’escalade ou de mauvaise interprétation d’une attaque numérique même mineure. (...)