
Un évènement climatique extrême qui perturbe toute une chaîne d’approvisionnement industrielle mondiale. Événement passé inaperçu et pourtant révélateur de notre interdépendance géographique et industrielle. Après l’épisode du blocage du canal de Suez par un porte-conteneurs géant… La sécheresse à Taïwan… (Par Renaud Duterme)
Début 2021, Taïwan connaît sa pire sécheresse depuis des décennies. Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, aucun typhon n’a touché le pays l’année précédente. Cet évènement, a priori sans importance pour les Occidentaux, a des répercussions toujours à l’œuvre au moment d’écrire ces lignes. L’île-État au large de la Chine conçoit en effet plus des deux tiers des puces électroniques indispensables à la fabrication d’ordinateurs, de smartphones, de consoles de jeux et de certaines automobiles. Or, la fabrication de ces puces nécessite des quantités astronomiques d’eau : jusqu’à 150 000 tonnes par jour rien que pour le leader du secteur[1]. Plusieurs usines se retrouvent contraintes de limiter la production, décision problématique dans un contexte d’accroissement de la demande en raison de la relance chinoise et du bond en avant qu’a fait la numérisation de nos sociétés. Conséquence : certaines chaînes de production en Europe se retrouvent à l’arrêt, faute de pièces.
Ces puces ne sont pas les seuls éléments partie prenante de notre quotidien et dont la production nécessite d’énormes quantités d’eau. C’est la quasi-totalité des composants et de leurs matières premières qui dépendent d’un approvisionnement hydraulique constant, que ce soit pour l’extraction, le raffinage, la fabrication, le refroidissement ou encore le nettoyage. La majorité des mines et usines sont ainsi très aquavores et peuvent se retrouver vulnérables en cas de sécheresse ou d’épuisement des ressources hydriques. (...)
Début 2021, Taïwan connaît sa pire sécheresse depuis des décennies. Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, aucun typhon n’a touché le pays l’année précédente. Cet évènement, a priori sans importance pour les Occidentaux, a des répercussions toujours à l’œuvre au moment d’écrire ces lignes. L’île-État au large de la Chine conçoit en effet plus des deux tiers des puces électroniques indispensables à la fabrication d’ordinateurs, de smartphones, de consoles de jeux et de certaines automobiles. Or, la fabrication de ces puces nécessite des quantités astronomiques d’eau : jusqu’à 150 000 tonnes par jour rien que pour le leader du secteur[1]. Plusieurs usines se retrouvent contraintes de limiter la production, décision problématique dans un contexte d’accroissement de la demande en raison de la relance chinoise et du bond en avant qu’a fait la numérisation de nos sociétés. Conséquence : certaines chaînes de production en Europe se retrouvent à l’arrêt, faute de pièces.
Ces puces ne sont pas les seuls éléments partie prenante de notre quotidien et dont la production nécessite d’énormes quantités d’eau. C’est la quasi-totalité des composants et de leurs matières premières qui dépendent d’un approvisionnement hydraulique constant, que ce soit pour l’extraction, le raffinage, la fabrication, le refroidissement ou encore le nettoyage. La majorité des mines et usines sont ainsi très aquavores et peuvent se retrouver vulnérables en cas de sécheresse ou d’épuisement des ressources hydriques. (...)
Cette situation, qui risque d’être l’apanage de nombreux autres sites miniers, pourrait être aggravée par deux facteurs. D’une part le réchauffement climatique qui, au regard des différentes prévisions du GIEC, va accentuer les épisodes de sécheresses dans de vastes endroits du monde, souvent parmi des régions déjà en stress hydrique. D’autre part, l’épuisement des gisements miniers. Déclin qui s’accompagne d’une diminution de la qualité des réserves restantes (moins accessibles, plus mélangées, plus compliquées à raffiner, etc.), ce qui signifie généralement qu’une plus grande quantité d’énergie et d’eau est nécessaire pour l’exploiter[4].
Et l’énergie dans tout ça ?
Ce qui précède est également vrai pour les ressources énergétiques non renouvelables. S’ensuit un processus s’autoalimentant où les besoins en ressources, énergie et eau augmentent en parallèle (...)
La production d’électricité peut également se voir perturbée en cas de diminution des régimes de pluies. Les barrages hydroélectriques constituent un bon exemple puisqu’ils dépendent de rivières et de fleuves ayant un débit important. (...)
Plus préoccupant, les centrales nucléaires qui ont besoin d’un approvisionnement constant en eau pour leur fonctionnement et leur refroidissement. Une baisse du débit de la Meuse a déjà provoqué un arrêt forcé des réacteurs de la centrale de Chooz, dans les Ardennes, lors de l’été 2020. Cette situation est de moins en moins exceptionnelle au regard de la multiplication des épisodes caniculaires de ces dernières années. Et que dire du parc nucléaire français situé dans la moitié sud du pays ?
Jusqu’ici tout va bien…
Les éternels optimistes soulignent, avec raison, que ces évènements n’ont pas eu de conséquences catastrophiques et que les pays dans lesquels ils se sont produits ont plutôt fait preuve de résilience. C’est une bonne nouvelle.
Mais l’intérêt de les rappeler est d’abord de souligner les fragilités de nos sociétés hyper connectées et hyper industrialisées, en particulier dans un contexte de raréfaction généralisée de nombreuses ressources simultanément. Plus que les évènements en tant que tels, c’est l’augmentation de leur fréquence qui doit nous interroger.
Ensuite, ils illustrent le fait que de nombreuses promesses quant aux défis écologiques à venir (accroissement du parc de voitures électriques, numérisation à outrance, tout au renouvelable, etc.) risquent de s’avérer difficiles à tenir compte tenu des contraintes géographiques et géologiques qu’elles imposent.
Face à cela, il faudra bien intégrer la nécessité absolue de réduction drastique de la production et de la consommation si l’on veut éviter que les ruptures à venir se transforment en perturbations généralisées.
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