
L’insécurité n’est pas un sentiment, mais des conditions de vie précaires qui paraissent insurmontables au point de risquer sa peau pour aller voir s’il est possible d’avoir un avenir plus stable ailleurs.
Une fois sur place, l’insécurité continue pour les migrants. Loin de prendre en considération le parcours et les raisons qui ont amené des populations sur leur territoire, les autorités multiplient les agressions et les humiliations en France ou ailleurs.
Cette ligne de conduite légitime des comportements individuels d’une rare violence et d’un mépris total pour la personne humaine. (...)
L’insécurité c’est dormir dehors et ne pas pouvoir se soigner. Ce n’est pas un « sentiment ».
Le sentiment d’insécurité dont on nous parle sans cesse dans les médias, c’est ce qui pousse à avoir la peur et la haine de plus pauvre que soi. La peur d’être dépouillé du peu qu’on a réussi à mettre de côté.
Cette angoisse est légitime, parce qu’il n’est pas certain que d’ici 20 ans les retraites ne soient pas plus qu’un lointain souvenir ou un luxe. Il n’est pas sûr qu’on puisse avoir accès aux soins, à la scolarisation, à des logements sociaux : des marchés potentiels à offrir à des puissances économiques privées.
Mais cette peur, elle n’est pas du fait des pauvres. Ce ne sont pas les Rroms qui sont à l’origine du chômage, ou les sans-papiers qui génèrent le dérèglement du marché du travail. (...)
Les vrais enjeux de l’insécurité se situent à ce niveau. Et ni les Rroms, ni les immigré.e.s avec ou sans papiers, ni les Musulmans, les Juifs ou tout autre minorité n’est responsable par nature ou par sa fonction de ce processus économique.
La captation des biens publics par des intérêts privés, la reproduction d’un schéma de domination économique et culturel, l’individualisation des rapports sociaux touchent le monde entier.
Les personnalités politiques, les « idéologues » qui présentent les plus pauvres ou une minorité comme responsables de leur misère et comme des parasites n’ont pour seul but que la préservation de leurs privilèges économiques et le bon fonctionnement du système. (...)
Lorsqu’ils expliquent que la vie des migrants est facile, leur démonstration tourne au ridicule ou à l’expédition punitive comme en Grèce ou en Italie.
Leurs homologues français sont moins téméraires ou plus conscients des mensonges qu’ils racontent. C’est pourquoi ils sévissent généralement sur internet, les plus fougueux dérivent dans le métro aux heures de pointe ciré jaune pour rassurer les usagés des transports. (...)