
Depuis cinq ans, à l’occasion de son assemblée générale, l’association Acrimed présente, sous la forme d’un rapport d‘activités, les publications de l’année écoulée sur le site : nombre et nature des publications, nombre des rédacteurs d’articles, médias concernés par les publications, sujets abordés, personnes citées. Cet inventaire commenté de notre activité éditoriale n’a pas, et de loin, la précision ni l’exhaustivité d’une production scientifique [1], mais il permet cependant un repérage des grandes lignes de cette activité et de son évolution sur ces cinq années, repérage que nous accompagnerons de quelques remarques.
(...) Le nombre des rédacteurs et rédactrices membres de l’association a varié de 32 à 49 personnes selon les années, avec une rotation assez large, mais qui n’est pas évaluée précisément. Certains, notamment les membres du groupe de pilotage de la rédaction (sept personnes), écrivent à un rythme régulier, voire soutenu, tandis que d’autres écrivent de manière plus ponctuelle, et l’on constate une sous-représentation des rédactrices par rapport aux rédacteurs, phénomènes qui traduisent nos limites actuelles dans la capacité à donner confiance à toutes celles et tous ceux qui seraient tentés d’écrire. Notre politique à ce niveau consiste à inviter le plus grand nombre possible d’adhérents à « s’y mettre », et à favoriser les co-rédactions, sans que cela se fasse bien évidemment au détriment de la qualité des articles ; une formation à la critique des médias est d’ailleurs organisée depuis trois ans dans cette perspective par le groupe de pilotage de la rédaction.
Une augmentation du nombre des rédacteurs et rédactrices pourrait aussi permettre une diversification des supports concernés par nos observations. Avec seulement 30 articles dédiés spécifiquement à des médias du Web au cours de ces cinq années, même si ces médias sont souvent cités dans des articles « multimédias », nous sommes largement en-deçà de ce que peut représenter, quantitativement et qualitativement, ce support dans la société actuelle, alors que 268 articles ont été consacrés à la presse, 139 à la télévision, et 74 à la radio. Au sein de ces derniers médias, la répartition de nos critiques est à l’avantage, si l’on peut dire, de la presse nationale pour ce qui concerne les journaux, et de ce que l’on appelle encore le service public pour ce qui concerne la radio et la télévision.
Loin d’être un choix stratégique, cette répartition recoupe plutôt les sources d’informations habituellement fréquentées par les individus qui rédigent des articles ; ce qui peut se comprendre dans une rédaction très largement bénévole qui pourrait difficilement se plier à une couverture médiatique plus exigeante. Ce qui n’empêche pas qu’il arrive fréquemment que quelques forces soient mobilisées pour coopérer autour de thèmes jugés prioritaires.(...)
– Les articles concernant des événements situés dans des pays étrangers constituent 10% de l’ensemble, avec 121 articles. La plupart critiquent la manière dont les médias français traitent les événements d’autres pays (34 pays, mais particulièrement le conflit entre Israël et les Palestiniens, les pays du mal-nommé « printemps arabe », l’Ukraine, la Grèce, les États-Unis). Quelques articles sont des traductions d’articles de critique des médias autochtones, comme ceux provenant du site FAIR, un équivalent d’Acrimed aux États-Unis. Enfin, quelques articles de notre site sont traduits (anglais, italien, espagnol) à l’intention de nos nombreux lecteurs étrangers.
– La critique des sondages et de leur usage médiatique occupe, avec une régularité unique dans nos statistiques, six articles par an, soit 30 articles, notamment en période électorale, en compagnie d’autres articles sur le traitement médiatique des élections (42).
– Considérés comme des médias à part entière, malgré leur caractère marginal par rapport au recouvrement habituel de la notion de média, le cinéma et l’édition ont fait l’objet chacun de 18 articles [5].
– Par souci d’élargir nos centres d’intérêt à des domaines importants mais peu couverts au cours des dix premières années du site, deux thèmes ont été particulièrement traités ces cinq dernières années : le sexisme dans les médias, avec 36 articles et les rapports sport/médias avec 21 articles. Il avait également été question d’étendre nos approches critiques aux émissions de divertissement, mais les forces nous ont fait défaut pour cette entreprise. Avis aux amateurs !
– Même assez peu nombreux (une quinzaine) et rédigés presque exclusivement par une seule personne (Henri Maler), les articles traitant de la transformation des médias à travers les politiques gouvernementales, les propositions des candidats aux élections et surtout nos propres propositions, occupent une place significative dans nos productions récentes, place qui est appelée à s’agrandir dans le contexte actuel de crise de la presse.
Les médiacrates épinglés, voire dézingués
D’Aphatie à Zemmour, ils sont une cinquantaine (recension non exhaustive) à avoir bénéficié des attentions d’Acrimed au cours de ces cinq dernières années. Pour une fois à leur avantage, les femmes sont des cibles très minoritaires (mais elles le sont aussi dans le groupe de référence), avec cinq citations.(...)
De même que nous accueillons volontiers des interventions et contributions extérieures à notre association, nous allons tout aussi volontiers vers les autres instances qui agissent ou simplement informent dans le même sens que nous. Ainsi, nombre de publications du site ne sont pas à proprement parler des articles, mais des annonces relatives à notre vie associative dans ses manifestations extérieures : présentations et comptes rendus des « Jeudis d’Acrimed », communiqués de soutien à telle grève, telle manifestation, annonces de nos participations à de nombreux débats aux quatre coins du pays, notamment ces dernières années à l’occasion de la projection du film « Les nouveaux chiens de garde ». Ces activités de critique des médias qui ne relèvent pas de l’écriture d’articles sur notre site sont loin d’être négligeables avec 127 annonces sur les cinq dernières années, soit 10% des publications auxquelles il faut ajouter les 362 interventions extérieures de membres d’Acrimed qui ne sont pas recensées dans les publications.
Ces diverses activités d’ouverture et de coopération témoignent du fait qu’Acrimed est une association dédiée à la critique et la transformation des médias. C’est sur ce terreau que notre activité éditoriale, la plus visible, prend tout son sens.(...)