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« L’université, un lieu d’expérimentation de la précarité »
Article mis en ligne le 21 août 2019
dernière modification le 20 août 2019

Le collectif national des précaires de l’Enseignement supérieur et de la recherche a été fondé en 2016. Regroupant plus de vingt collectifs locaux autonomes dans toute la France, il dénonce la précarisation en cours dans les universités, l’obsession de la rentabilité et les jeux de pouvoir systémiques.

Tout a commencé en mai 2015, par une réunion des représentant.e.s des écoles doctorales, en Histoire, Géographie, Philosophie, etc., concernant les dates de rendu des thèses que l’administration venait d’avancer au mois d’octobre. Jusqu’ici, si on rendait sa thèse avant décembre, on ne devait pas se réinscrire. Désormais, il allait falloir payer de nouveaux frais d’inscription. Parallèlement, les doctorant.e.s affilié. e.s à la section Sud Éducation de Paris 1 ont commencé à réagir. D’autant que dans la foulée, une autre mesure est tombée, à savoir la suppression des frais d’exonération pour les doctorant.e.s financé.e.s de l’Université : jusque-là, à Paris 1, les doctorant. e.s qui obtenaient un financement de la fac étaient exonéré.e.s de leurs frais d’inscription, car considéré.e.s comme des salarié.e.s de l’Université. Or, cette exonération a été supprimée en catimini par le Conseil d’administration en juillet 2015. (...)

En échangeant sur nos expériences, on s’est rendu compte que les doctorant. e.s étaient traité.e.s de différentes manières selon les disciplines, mais que les abus étaient assez répandus. Nous avons découvert une banalisation des pratiques illégales au sein des écoles doctorales : heures supplémentaires non payées, personnes travaillant sans contrat, corrections de copies hors service, etc. (...)

Nous sommes pour la plupart vacataires, sans financement, ou travaillons à côté pour payer nos études. Une de nos difficultés tenait précisément à notre éclatement : nous avions des parcours différents et appartenions à des disciplines distinctes ; nos degrés d’engagement et nos orientations politiques étaient parfois divergents. En droit, par exemple, l’idée d’un mouvement collectif, d’une lutte sociale ou d’un rapport de force était loin d’être acquise ! (...)

Par ailleurs, le système universitaire est très défavorable à la mobilisation et à la lutte, car l’essentiel de la titularisation fonctionne sur la base de la cooptation. Puisqu’on est recruté.e.s par nos pair.e.s, aucun.e doctorant.e n’a intérêt à se mettre en porte à faux vis-à-vis des profs qui ont le pouvoir de le recruter et d’assurer sa carrière d’enseignant.e. D’où le chantage qui ne dit pas son nom : accepte de bosser gratuitement si tu veux continuer à travailler à l’Université. (...)

On est dans un univers extrêmement concurrentiel à cause de la baisse des budgets de la recherche depuis des années. Il n’y a pas assez de postes ouverts à l’Université, donc chacun.e essaie de remplir son CV au maximum, quitte à bosser gratuitement. (...)