
Le jugement contre le soldat Bradley Manning, accusé par les Etats-Unis d’avoir fourni des documents secrets du gouvernement étatsunien à Wikileaks, est une farce : son résultat est décidé d’avance, selon Julian Assange, fondateur et éditeur de cette organisation, la plus haïe et persécutée par Washington après Al Qaeda. Avec ce procès, la défense a les pieds et poings liés et le procureur cherche d’une part créer un précédent et d’autre part établir un contrôle totalitaire sur tous les employés gouvernementaux ainsi qu’une phase préparatoire pour le jugement « contre Wikileaks et contre moi ».
Depuis son refuge dans les locaux de l’ambassade de l’Equateur à Londres, l’australien a donné une longue interview à ce journal [La Jornada-Mexique] dans laquelle il a abordé différents thèmes comme le procès contre le soldat Manning, les perspectives et objectifs personnels qui entourent sa candidature au Parlement australien, le rôle des médias traditionnels, l’éclosion de l’information indépendante sur internet, la croissante politisation de la toile, le rôle des pouvoirs de facto dans la politique étatsunienne, le réalignement de la Suède comme allié étroit et subordonné à Washington. Entre autres… (...)
– La juge a établi des limitations à la défense : elle ne peut présenter qu’une poignée de témoins, tandis que la partie accusatrice a l’autorisation d’en présenter 141 ; par contre presque tous ceux de la défense ont été écartés. Le tribunal a interdit à la défense de présenter des arguments au sujet de l’intentionnalité, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas présenter des témoins ou bien des preuves qui soient en rapport avec les intentions [de Manning], ni prouver que l’intention de l’accusé n’était pas de causer du tort aux Etats-Unis, à l’armée ou au gouvernement, mais d’offrir aux gens des informations au sujet des crimes de guerre et de leur contexte. D’ailleurs, la défense a l’interdiction de présenter toute preuve, tout rapport gouvernemental, tout témoin qui démontre que l’accusé n’a pas causé de dommage. (...)
ils disent que Manning s’est communiqué avec une organisation journalistique qui a elle-même communiqué avec le public, et ce public inclut Al Qaeda. Le terme utilisé lors de la formulation des charges est « communication indirecte avec Al Qaeda à travers Wikileaks » (...)
C’est le précédent juridique qu’ils veulent créer. Ils veulent imposer cette norme car elle implique un contrôle totalitaire sur tous les employés gouvernementaux des Etats-Unis. (...)
La juge a établi que la seule chose que le procureur devait prouver était que, tout comme l’avait fait le monde entier, Al Qaeda avait lu les rapports de Wikileaks. Le procureur n’a même pas à prouver qu’Al Qaeda a utilisé ces informations. (...)
Le procès n’a pas seulement lieu pour terroriser les futurs potentiels Bradley Manning ; il sert aussi à préparer le terrain pour l’accusation contre Wikileaks et contre ma personne. Si les gens ont vu le procès la semaine dernière, ils auront remarqué comment dès le premier jour les accusateurs disaient que Manning était un agent de Wikileaks, que c’était moi qui le contrôlait, lui donnait des ordres, lui demandait des informations spécifiques. (...)