Mon radio-réveille-ce-matin par cette information : « une majorité de français sont pour que les fonctionnaires travaillent plus ».
Déjà, la question, il fallait y penser : quoi de mieux que de raviver une petite guéguerre malsaine entre « bas du tableau » pour préparer de nouvelles mesures austères qui ne devront surtout pas froisser les millionnaires ?
Déjà, la question, il fallait la poser avec cette intelligence et cette finesse qui caractérisent les instituts de sondage : « LE FONCTIONNAIRE » ?
Quoi de ressemblant entre par exemple un instituteur, un postier, une infirmière, et un chef de cabinet ministériel ?
Quel lien de travail et de vie peut-il y avoir entre une employée de mairie qui touche 1300 € par mois pour faire la plonge dans les cantines scolaires et pour les personnes âgées, et un haut fonctionnaire qui émarge à plus de 30000 € ?
Le même sans doute qu’entre un PDG d’une entreprise privée et son ouvrier qui bosse dans sa chaine de montage, ou entre le lion des savanes et l’escargot de mon jardin.
A question à la con, réponse à la con ? La gymnastique intellectuelle préférée du café du commerce se situe souvent entre le « YakeMoiKibosse » et le « Yakel’autreKibossepas », avec quelques variantes comme celle de ce récent et précédent sondage, où une majorité de Français indiquait ne pas vouloir travailler le dimanche tout en étant favorable à ce que d’autres le fassent.
Faut-il vraiment faire travailler plus ceux qui bossent déjà, alors qu’il y a plusieurs millions de personnes qui aimeraient seulement commencer à pouvoir y aller ?
Faut-il vraiment travailler plus individuellement alors que si tout le monde avait un emploi, on travaillerait chacun moins individuellement, mais tous plus collectivement….
Bon, là, je l’avoue, cela complique, et la question, et la réponse, et cela ne peut donc intéresser BVAifopCSAway -et commanditaires- qui aiment la simplicité.
Je me suis dit combien, ce matin devait être heureux, à ce travailleur de la fonction publique, qui après avoir écouté les infos, allait prendre son poste de travail de fainéant, avec joie, exalté par cette reconnaissance que lui porte une majorité de compatriotes sondés.
Il ne pourra se consoler, finalement, qu’en se disant, qu’au fond, ce n’est pas lui qui est visé, pas lui, mais l’autre, le fonctionnaire d’à côté. Puisque, c’est bien connu, l’enfer c’est (toujours) les autres.