
Alors que l’État vient de distribuer 41 milliards d’euros aux entreprises au titre du « Crédit d’impôt compétitivité emploi », les plans dits « sociaux » s’accélèrent dans toutes les régions de France, au point où l’on est en droit de se demander si cet argent public ne va pas servir en priorité à financer des licenciements !
(...) Pendant ce temps, le gouvernement ose stigmatiser les chômeurs, il masque ainsi les conséquences des politiques libérales qu’il mène sur la hausse du chômage en France. Il facilite les licenciements, y compris dans les entreprises qui font des bénéfices, et applique l’austérité généralisée dans les services publics et pénalise la population. Il ne met en place aucun contrôle de l’utilisation des aides publiques au secteur privé mais renforce le contrôle sur les chômeurs. La folie libérale est en train de ruiner les couches modestes et moyennes dans la lignée de ce qu’a fait R.Reagan aux Etats-Unis et M.Tatcher en Angleterre. Lorsque tout le système social et public sera détruit, il sera très très dur de le remettre en place : le Medef et les financiers le savent et s’en frottent les mains par avance. Le gouvernement ne peut pas l’ignorer, car ne croyez pas qu’ils sont stupides, ils savent très bien ce qu’ils font et pour qui ils travaillent. (...)
Dans l’ensemble du monde, c’est le même discours : nous serions tous dans le même bateau face à la crise et aux efforts nécessaires. Cette fable est jour après jour démentie par les faits : les entreprises du CAC 40 ont versé en 2013 43 milliards d’euros à leurs actionnaires (soit 4 % de plus qu’en 2012), et le nombre de ces millionnaires augmente partout, y compris dans des pays où la majorité de la population est dans la misère. Le problème n’est pas seulement que les riches soient riches, c’est aussi que les riches confisquent les institutions politiques à leur profit. Les alternances entre droite et gauche sont donc largement de façade. Mais cela va au-delà : le capital, ce n’est pas seulement des richesses, mais le pouvoir de licencier, de décider de ce qui sera produit et de ce qui ne le sera pas, de fermer une usine pour la rouvrir ailleurs avec des travailleurs plus exploités, le pouvoir de sacrifier la santé des travailleurs et l’écologie aux profits à court terme.
Les inégalités ne sont pas une aberration du système capitaliste mais correspondent à sa logique profonde. Elles ont reculé seulement lorsque ceux d’en bas ont bénéficié d’un bon rapport de forces. Pour le moment le rapport de force est en faveur de la classe dominante, d’où le constat cynique du multimilliardaire américain Warren Buffett : « Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui a mené la lutte. Et nous sommes en train de gagner. » .(...)