
Fakhar Riaz a 20 ans, il est Pakistanais. Il est élève au lycée Valmy à Colombes, en CAP Pressing, treize filles, un garçon. Il a été enfermé trois jours au centre de rétention (CRA) du Mesnil-Amelot, du 3 au 6 février 2014. Il en a été libéré par le tribunal administratif de Melun. L’ordinaire d’une application des lois de Sarkozy avec une stupide fermeté et bien peu d’humanité, quoi que prétende Manuel Valls.
Fakhar est né en août 1993, au Pakistan. Il a 12 ans quand son père meurt, laissant sa mère seule avec ses trois filles et le benjamin Fakhar. A 16 ans et demi, il est introduit en France via l’Espagne par un passeur qui le conduit à la Croix Rougeavant de disparaître avec son passeport et ses papiers. Sur décision d’un juge des enfants, il est placédans un foyer, à Taverny et scolarisé mais, à sa majorité, les démarches pour obtenir un titre de séjour n’aboutissent pas. Il se retrouve sans papiers. Depuis l’année dernière, il est hébergé par des compatriotes à Goussainville.
Contrôlé dans le RER, il est placéen rétention et, donc, traduit devant le tribunal administratif de Melun avec cinq autres retenus. Une audience comme une autre, accumulation de maltraitances infligées à ceux que la vie n’a, bien souvent, déjà pas beaucoup épargnés. Un Africain, en chaussettes et tongs aux pieds, un blouson trop petit sur les épaules, « vêtements » récupérés au CRA, arrêté en pleine nuit au volant de la voiture d’un ami alors qu’il conduisait sa compagne malade aux urgences, un second Pakistanais, père d’un enfant français mort né et dont la compagne française a aussi séjourné en prison, un Bangladais handicapé qui ne comprend visiblement rien à ce qui lui arrive, un Algérien de Vitry qui vit dans sa famille depuis 2008… Tous maintenus en rétention, sauf Fakhar dont, pourtant, le dossier ne comportait pratiquement aucune pièce, si ce n’est son certificat de scolarité, faxé par son lycée.
En réalité, son statut scolaire lui a probablement sauvé la mise. (...)
Fakhar est donc libre. Reste à obtenir sa régularisation, la sienne mais aussi celle de tous les jeunes dans sa situation que le gouvernement n’expulse pas. De fait, depuis le 12 octobre 2013, date de l’expulsion en Arménie du lycéen parisien Katchik, de nombreux élèves sans papiers ont subi des contrôles et ont été relâchés à la simple vue de leur carte de lycéen. Quelques uns ont été placés quelques jours en rétention, tous ont été libérés sur décision du Tribunal administratif, du Juge des libertés et de la détention (JLD) ou, encore plus vite, sur intervention du ministère de l’Intérieur. Il faut que le gouvernement en tire la conclusion qui s’impose : ces jeunes ne sont pas expulsés, la loi doit changer, ils doivent être régularisés. A moins, bien entendu, que le président préfère attendre l’arrestation de trop, celle qui se produira inévitablement et qui mettra des milliers de jeunes dans la rue avec le soutien d’adultes pour crier leur colère envers ceux qui s’en prennent à un des leurs.