
« La Bulgarie ne cédera pas » : le premier ministre Kiril Petkov défend son refus de payer le gaz russe en roubles
Dans un entretien au « Monde », le dirigeant centriste, fermement proeuropéen, appelle l’UE à l’aide dans le conflit économique qui l’oppose au Kremlin.
Kiril Petkov, 42 ans, dirige le gouvernement bulgare depuis décembre 2021. Centriste fermement proeuropéen, il doit composer avec un partenaire de coalition et un président ouvertement pro-Moscou, alors que la Russie a annoncé, mardi 26 avril, qu’elle suspendait toutes ses livraisons de gaz en représailles au refus bulgare de payer Gazprom en roubles. (...)
le gaz a été coupé depuis 9 heures, mercredi 27 avril. Nous en avons été notifiés la veille.
Et combien de temps pouvez-vous tenir ?
Nous avons des réserves directes pour tenir plus d’un mois, à circonstances inchangées. Mais nous espérons finir la construction du nouvel interconnecteur avec la Grèce d’ici à fin juin. Et nous comptons aussi sur la stratégie d’achat commune de gaz liquéfié par la Commission européenne. (...)
Très concrètement, nous espérons de l’aide pour obtenir du gaz azerbaïdjanais aussi vite que possible. Nous espérons aussi des achats communs de gaz naturel liquéfié (GNL). Nous attendons une réponse solidaire de tous les pays européens. Nous sommes forts dans l’unité, pas dans les divisions. (...)
A votre avis, pourquoi la Bulgarie (avec la Pologne) a été spécifiquement visée par Gazprom ?
Je pense que c’est en raison du planning de paiement. Nous étions les premiers à devoir payer et nous avons refusé de le faire en roubles. Je pense que d’autres pays européens vont suivre. Cela dit, nous avons aussi une ambassadrice russe incroyablement agressive à Sofia. Elle n’est pas du tout digne d’être diplomate, et ses rapports internes agressifs ont peut-être aussi contribué.
Pensez-vous que la Russie cherche à déstabiliser votre gouvernement ?
Je suis sûr que le pouvoir russe n’aime pas du tout notre gouvernement et qu’ils aimeraient entendre des positions plus prorusses à Sofia. Ils ont dit eux-mêmes qu’ils seraient contents si d’autres que nous occupaient nos postes.