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La Commission européenne et le FMI sont-ils aveugles et schizophrénes ?
Article mis en ligne le 25 mai 2014
dernière modification le 19 mai 2014

De l’aveuglement…

Depuis plus de 30 ans, le Fonds monétaire international (FMI) impose des politiques d’ajustement structurel (coupes drastiques dans les dépenses sociales, privatisations, « flexibilisation » du marché du travail, etc.) à la grande majorité des pays dits en développement (PED). L’objectif principal affiché est d’assainir les finances publiques afin de repartir sur de « bonnes bases ». Les résultats ont été dramatiques

pauvreté, l’exclusion sociale et les inégalités ont explosé, tandis que le problème de la dette s’est aggravé. La dette des PED a été multipliée par quatre entre 1982 et 2012 et le service de la dette, siphonnant parfois jusqu’à 50% des recettes budgétaires, a empêché la plupart des PED de réaliser des investissements socialement utiles et écologiquement responsables.

Lorsqu’on regarde le contenu des politiques d’austérité prônées par la Commission européenne et le FMI et appliquées de manière plus ou moins intense en Europe depuis 2008, celles-ci ressemblent à s’y méprendre aux plans d’ajustement structurels qui ont ravagé les pays du Sud. Assez logiquement, les résultats sont identiques : ralentissement économique, augmentation du chômage, explosion des inégalités, et aggravation des déficits et de la dette.

En réalité, il n’existe aucun exemple qui montre qu’une telle politique peut donner des résultats positifs. A ce stade, on peut clairement parler d’aveuglement de la part des élites politiques, ce qui constitue déjà un sérieux problème. Albert Einstein ne disait-il pas que la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ?

… à la schizophrénie

Mais il semblerait que la cécité n’est pas la seule maladie dont souffrent nos dirigeants politiques. En effet, depuis plus d’un an, on assiste à une multiplication de rapports de la Commission européenne et du FMI où ceux-ci reconnaissent que les politiques qu’ils prônent constituent une grave erreur.

Janvier 2013. Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, dévoile que le FMI a très largement sous-estimé l’impact négatif de l’austérité sur la croissance économique. L’erreur dans les calculs est tout sauf anecdotique, puisqu’elle est estimée à environ 300% ! |1|

Mars 2013. La Commission européenne publie un rapport dans lequel elle admet que l’austérité n’a pas donné les effets escomptés et a aggravé la crise sociale. « Les effets négatifs des restrictions budgétaires sur l’emploi et le niveau de vie sont de plus en plus visibles dans certains États membres » |2|.

Avril 2013. Deux étudiants démolissent une étude utilisée comme référence par la Commission européenne (notamment par Olli Rehn, Commissaire européen aux Affaires économiques) pour « encourager » les États de l’UE à renforcer leurs mesures d’austérité. Cette étude, réalisée par Carmen Reinhart et Kennet Rogoff, ancien économiste en chef du FMI, affirmait qu’une dette publique supérieure à 90% du PIB entraînait automatiquement un ralentissement de la croissance économique |3|. Ces éminents économistes ayant oublié d’inclure dans leurs calculs certaines données essentielles et certains pays, cette affirmation s’est révélée au final totalement fausse. Mme Reinhart et M. Rogoff reconnaissent leurs erreurs, mais maintiennent que leur constat reste valable… |4|

Avril 2013. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, déclare au cours d’une conférence de presse : « tout en pensant que cette politique (d’austérité) est fondamentalement juste, je pense qu’elle a atteint ses limites. » (...)

Ce n’est ni le bon sens ni l’intérêt général qui dirigent ce monde

Aussi incroyable que cela puisse paraître, malgré tous ces mea culpa et révélations, les dirigeants européens persistent et signent. Aucun changement d’orientation n’est en vue. (...)

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