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le Monde
La Cour de cassation saisie d’une QPC sur les remontées d’informations au ministère de la justice
Article mis en ligne le 18 octobre 2020

Dans l’affaire Thierry Solère, la cour d’appel de Versailles a jugé vendredi que la constitutionnalité des rapports faits à la chancellerie sur les enquêtes en cours interpellait.

La cour d’appel de Versailles a décidé, vendredi 16 octobre, de transmettre à la Cour de cassation une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) au sujet des « remontées d’informations ». Il s’agit de ces rapports que les procureurs généraux font remonter au ministère de la justice sur les procédures judiciaires en cours « signalées ». La direction des affaires criminelles et des grâces a ainsi un regard sur plus de 8 000 enquêtes préliminaires ou informations judiciaires en cours. La Cour de cassation a désormais trois mois pour statuer sur la transmission ou non de cette QPC au Conseil constitutionnel. (...)

au rejet de cette QPC. Mme Canu-Bernard défend un entrepreneur mis en examen pour abus de bien social et trafic d’influence en relation avec Thierry Solère lorsqu’il était élu au conseil général des Hauts-de-Seine. (...)

Alors que des remontées d’informations avaient été mises au jour de façon incidente dans cette procédure, l’avocate a plaidé que ce circuit ascendant d’éléments relevant du secret de l’enquête, encadré par une simple circulaire de janvier 2014, est contraire aux principes de séparation des pouvoirs, d’indépendance de l’autorité judiciaire et d’égalité des citoyens devant la loi. La cour d’appel a donc jugé nécessaire de faire vérifier la conformité à la Constitution de ces remontées d’informations avant de statuer sur les nullités qui lui étaient soumises.

Pression pour un encadrement législatif

C’est dans cette affaire que l’ancien ministre de la justice Jean-Jacques Urvoas a été condamné le 30 septembre 2019 par la Cour de justice de la République pour « violation du secret ». Il avait demandé, au printemps 2017, une mise à jour sur l’enquête judiciaire concernant M. Solère, l’ex-porte-parole du candidat à la présidentielle François Fillon, au moment où il se rapprochait du candidat Macron, avant de transmettre directement à l’intéressé les éléments par une messagerie cryptée.
La pression pour une suppression ou un encadrement législatif des remontées d’informations se renforce ainsi. Sans attendre une éventuelle censure du Conseil constitutionnel, Eric Dupond-Moretti a demandé à Olivier Christen, le directeur des affaires criminelles et des grâces, de lui faire des propositions de réforme sur le sujet d’ici à la fin de l’année.
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