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La Fabrique nomade, l’association d’insertion qui valorise les savoir-faire des migrants
Article mis en ligne le 9 mai 2017
dernière modification le 6 mai 2017

Poterie, travail du marbre, broderie... Nombreux sont les migrants à ne plus exercer l’activité professionnelle qu’ils pratiquaient autrefois avec brio. Créée à Paris il y a un an, la Fabrique nomade accompagne ces artisans-migrants dans un projet visant à remobiliser les savoir-faire mis de côté dans l’exil. L’association s’est donnée un triple objectif : valoriser leurs compétences, changer le regard que la société d’accueil porte sur eux, et les aider à s’insérer professionnellement. Reportag

(...) porter un autre regard sur les réfugiés : « Nous voulons montrer que ces personnes sont porteuses de savoir-faire, qu’elles peuvent aussi transmettre, donner et pas seulement recevoir. » (...)

Les germes de la Fabrique nomade ont commencé à pousser il y a un an et demi dans la tête d’Inès Mesmar, sa fondatrice. Au hasard d’une conversation, elle découvre que sa mère avait été brodeuse pendant une dizaine d’années dans la Medina de Tunis, avant d’arriver en France. « Ensuite, elle a totalement abandonné cette activité, à tel point qu’elle n’en a jamais parlé à ses propres enfants, et que j’ai ignoré son métier jusqu’à mes 35 ans », témoigne la jeune franco-tunisienne. (...)

« La preuve par l’objet »

L’atelier organisé à l’INMA couronne une année de démarchage auprès des institutions afin de donner corps à ce projet : redonner au savoir-faire des migrants vivant en France la place qu’il mérite. Deux autres réfugiés ont emboité le pas de Yasir : Abou Dubaev, staffeur-stucateur et gypsier (travail du plâtre), et Ablaye Mar, brodeur « Cornely » (du nom d’une machine à coudre) sénégalais.

Grâce à une collaboration avec des designers français, une collection appelée « Traits d’union », mettant en valeur les œuvres des trois artisans, est présentée au public ce 1er avril dans un lieu qui symbolise habituellement l’excellence du savoir-faire français. « On fait la preuve par l’objet de la qualité de leur travail. Le problème, pour eux, est qu’il est difficile de démontrer leurs compétences en faisant passer des CV. » (...)

« Nous les aidons à monter un projet et à se mettre en relation avec les entreprises qui pourraient les employer », précise Inès Mesmar. Cette solution est souvent préférable à la création d’entreprise, qui s’avère plus aléatoire : « Elle est souvent choisie par des personnes confrontées aux discriminations. Pour y échapper, elles créent leur emploi. Mais elles se heurtent rapidement à des difficultés administratives et de gestion, et sont finalement obligées de mettre la clé sous la porte. »

Exposition internationale

Depuis octobre 2016, la Fabrique nomade a identifié 25 artisans. « Mais nous avons besoin de moyens pour les accompagner ». Une campagne de financement participatif a été lancée (...)

En attendant la fin de ce crowdfunding, les créations de Yasir, Abou et Ablaye seront exposées du 10 au 14 mai à la galerie Joseph, à Paris, à l’occasion du festival du Design. « C’est la première fois que des artisans réfugiés seront présentés au même niveau » que des créateurs professionnels français et internationaux, se réjouit Inès Mesmar. Yasir ne manquera pas l’événement.