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La France dépasse largement les limites écologiques de la biosphère
26 octobre 2019
Article mis en ligne le 7 août 2020
dernière modification le 6 août 2020

« L’état de l’environnement en France », établi tous les quatre ans, vient d’être publié par le ministère de la Transition écologique. Le bilan est très mauvais : tant pour les émissions de gaz à effet de serre que pour l’artificialisation des sols ou la biodiversité, la France détruit lourdement l’environnement. (...)

La France est ainsi responsable de la déforestation de 14,8 millions d’hectares dans le monde et 56 % de ses émissions de gaz à effet de serre de 2017 provenaient de l’importation de biens et de services. (...)

« L’impact écologique de la France doit être examiné au-delà de ses frontières. Il est essentiel de prendre en compte les flux cachés des modèles de production et de consommation », ont souligné Christelle Larrieu et Valéry Morard, du service de la donnée et des études statistiques (Sdes) du ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES), lors de la présentation du rapport 2019 « L’environnement en France » jeudi 24 octobre. Publié tous les quatre ans depuis 1994, ce document rassemble les données disponibles sur l’état des écosystèmes français : qualité de l’air et de l’eau, biodiversité, artificialisation des sols, etc. Pour la première fois, il s’intéresse à l’« empreinte écologique » de la France dans le monde — par exemple par le biais de la déforestation ou des émissions de gaz à effet de serre à l’étranger pour la production de biens destinés à la France — et à sa responsabilité dans le dépassement des « limites planétaires ».
Cette empreinte est désastreuse. Le concept de « limites planétaires » a été développé et formalisé en 2009 par une équipe internationale de vingt-six chercheurs pilotés par Johan Rockström, un chercheur suédois spécialisé dans les ressources hydriques. Ces limites sont au nombre de neuf : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation du cycle de l’azote et du cycle du phosphore, les changements d’utilisation des sols, l’acidification des océans, l’utilisation mondiale de l’eau, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère et les entités nouvelles (nanoparticules, plastiques, polluants chimiques…) dans la biosphère.
(...)

Pour ce qui est des disparitions d’espèces, le bilan est catastrophique. (...)

L’artificialisation des sols fait également peser une lourde menace sur la faune et la flore françaises : « Nous perdons chaque année 0,1 % des terres agricoles et naturelles, soit un département tous les dix ans », ont alerté Mme Larrieu et M. Morard.
Néanmoins, sur certains points, la situation s’améliore, tout en restant en deçà des objectifs. Par exemple, la qualité de l’air : les rejets d’oxydes d’azote ont baissé de 49 %, ceux de particules fines PM10 de 41 % et ceux de particules ultra-fines PM2,5 de 48 %.
Les concentrations de nitrates et de phosphates ont diminué dans les rivières (- 12 % et - 37 % respectivement entre 1998 et 2017), de même que la teneur en pesticides (-19 % en métropoles et 21 % en outre-mer entre 2008 et 2017).

La situation n’est pas aussi satisfaisante en ce qui concerne les eaux souterraines, où l’on retrouve encore de fortes teneurs en nitrates et des traces de pesticides aujourd’hui interdits d’usage (atrazine présent dans 52 % des points de mesure, simazine dans 22 %, oxadixyl dans 11 %, etc.). À cause de ces pollutions, environ 2.400 captages sur 22.000 ont été abandonnés depuis 2000.

Cet examen minutieux de l’état de l’environnement se poursuit dans les 220 pages du rapport. Mais aussi sur un site internet dédié lancé jeudi 24 octobre, où toutes ces données et leur analyse sont accessibles à tous et mises à jour au fur et à mesure.