
La Grèce aura sans doute bien du mal à constituer un gouvernement cette semaine, après le cinglant désaveu infligé par les électeurs aux deux partis qui avaient accepté les politiques d’austérité dictées par les bailleurs de fonds du pays.
En incluant une formation néonazie qui fait une entrée au Parlement pour la première fois, les partis opposés à un accroissement de l’austérité ont raflé 151 sièges au Parlement, selon un décompte du ministère de l’intérieur après le dépouillement de 99 % des bulletins, lundi 7 mai.
Face à eux, les deux partis pro-austérité, la Nouvelle Démocratie (droite) et le Pasok (socialiste) - qui gouvernent ensemble dans une coalition depuis novembre - s’effondrent. (...)
les résultats de ces élections législatives confirment la débacle des deux partis historiques et rendent très problématique la formation d’un gouvernement de coalition par ces formations pour poursuivre, encore, la politique de rigueur dictée par l’UE et le FMI.
L’incertitude quant à la possibilité de former un gouvernement était perceptible sur les marchés asiatiques dès l’ouverture, lundi matin à Hongkong, où la Bourse a commencé la séance en baisse de 2,08 %. A Tokyo, l’euro est tombé à son plus bas niveau depuis trois mois, les investisseurs s’inquiétant d’une remise en cause des politiques d’austérité en Europe, après l’élection du socialiste François Hollande en France et le désaveu infligé aux partis pro-austérité grecs par les électeurs. (...)
La formation de gauche radicale, Syriza, opposée au memorandum d’accord de la Grèce avec les bailleurs de fonds du pays, devient avec ce scrutin la deuxième force politique du pays. Le parti néonazi Chryssi Avghi (Aube dorée) est l’autre grand vainqueur de ces élections, et fait une entrée en force au Parlement.
Flanqué d’une quinzaine de jeunes hommes à la tête rasée, le dirigeant de cette formation dont l’emblème rappelle la svastika, Nikos Mihaloliakos, a affirmé dès dimanche soir que son groupe allait lutter contre les "usuriers mondiaux" et "l’esclavage" imposé selon lui au pays par l’UE et le FMI en échange de leur aide financière. "L’heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie", a menacé ce quinquagénaire, affublé du sobriquet de "Führer" par la presse grecque. (...)
Une première pour un parti ultranationaliste depuis la chute du régime des colonels en 1974. Le parti n’a pas attendu pour savourer sa "victoire", promettant d’expulser tous les immigrés illégaux, qualifiant les journalistes de "menteurs" et invitant les "traîtres" à se cacher.