
La Pêche, monnaie locale citoyenne lancée à Montreuil en 2014, franchit un pallier et s’implante dans huit arrondissements parisiens. Échanger ses euros contre des Pêches, puis faire ses achats dans cette monnaie complémentaire et citoyenne, doit permettre de favoriser les échanges locaux, et de soutenir des projets écologiques, sociaux et culturels. Fête de lancement le 12 mai à Paris.

(...) Il existe déjà plus d’une quarantaine de monnaies locales en France, dont l’Eusko (lire notre reportage), qui représente l’équivalent de 750 000 euros en circulation dans le pays basque. La Pêche, elle, rassemble aujourd’hui 800 particuliers adhérents, auxquels s’ajoutent 80 commerces et entreprises. 180 000 euros convertis en Pêches circulent à Montreuil et dans ses alentours (voir la carte des commerces concernés). Du côté parisien, la monnaie compte déjà une centaine d’adhérents et de bénévoles. Deux services civiques ont été embauchés pour faire avancer le projet.
Dynamique locale et lien social (...)
Pas de multinationales ni de grandes chaînes donc, mais des acteurs indépendant dans leur choix de fournisseurs. Et qui pourront donc, avec l’aide des adhérents et des bénévoles, être orientés vers des fournisseurs locaux. Déjà une quarantaine de commerçants seraient volontaires pour adhérer. Pour Jean-Sébastien, coordinateur de la prospection pour la Moppa, « les commerçants ont tout à y gagner » : une meilleure visibilité, une clientèle plus fidèle, et l’appartenance à un réseau d’acteurs locaux.
Une monnaie écologique et solidaire (...)
La pêche se veut aussi solidaire, grâce à un système de bonus-malus de 3% à la conversion, puis à la reconversion [2]. Lorsqu’une personne convertit 100 euros, elle reçoit 103 pêches, et choisit où seront investies ces 3 pêches supplémentaires : au sein d’une association ou pour un fonds solidaires pour des personnes aux faibles ressources. Il sera également possible de récupérer ces 3% comme « bonus au pouvoir d’achat », pour rendre plus accessible une consommation responsable. Les 100 euros de départ iront sur un fonds de garantie à la Nef, une coopérative de finances solidaires, pour soutenir des projets d’utilité sociale, écologique et culturelle. A l’inverse, quand une entreprise ou un particulier reconvertit 100 pêches, il percevra 97 euros.
Comme l’ont révélé les expériences passées, les monnaies locales semblent faire face à deux problèmes principaux : l’entre-soi d’utilisateurs engagés et de faibles retombées économiques si la monnaie ne parvient pas à élargir ce cercle de militants. Un non-problème selon Sarah : « Le but n’est pas de créer des tickets restaurant, une monnaie alternative sans valeur. Si elle reste "militante", c’est là qu’elle gardera son sens. » Gage d’engagement chez les commerçants, elle souligne que « le jour où ce ne sera plus le cas, la monnaie ne servira à rien ». (...)