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France24
La Russie mise sur les "flottes de l’ombre" pour sauver ses exportations de pétrole
#tankers #embargo
Article mis en ligne le 8 décembre 2022

La Russie aurait acquis plus d’une centaine de pétroliers en fin de vie qui pourraient servir à contourner les sanctions internationales sur les exportations russes d’or noir entrées en vigueur lundi. Et ce n’est que l’un des aspects du phénomène des "flottes de l’ombre", qui monte en puissance ces dernières années.

Elle est appelée la "flotte de l’ombre" ou la "flotte fantôme". Derrière ce terme médiatiquement très porteur se dessine un phénomène capable de mettre à mal l’architecture des sanctions internationales contre les exportations maritimes russes de pétrole qui sont entrées en vigueur lundi 5 décembre.

"La Russie s’est discrètement constituée une flotte d’environ cent pétroliers vieillissants pour faire face aux sanctions sur son pétrole", a affirmé le Financial Times, vendredi 2 décembre. Le Wall Street Journal ajoutait le lendemain qu’il y avait eu depuis quelques mois, parmi certaines petites sociétés de transport maritime – notamment en Asie –, une course aux tankers de deuxième main, spécialement ceux capables de naviguer dans les "eaux gelées tels qu’on les trouve aux alentours des ports russes qui donnent sur la mer Baltique".
Des supertankers "fantômes"

Le but serait de mettre en place une filière parallèle – la "flotte de l’ombre" – au réseau traditionnel de pétroliers afin de continuer à exporter le pétrole russe comme si les sanctions internationales n’existaient pas.

Ces dernières instaurent, à partir de lundi, un plafond de 60 dollars le baril de pétrole au-dessus duquel la Russie ne peut pas exporter son précieux hydrocarbure dans le monde (en plus d’un embargo total sur les exportations par voie de mer du pétrole vers l’Europe). Pour veiller au respect de cette règle, les États-Unis et leurs alliés interdisent aux compagnies d’assurance maritime d’assurer un cargo qui transporterait de l’or noir destiné à être vendu plus cher que le prix maximum.

L’écrasante majorité des tankers devrait s’y résoudre puisque l’assurance est le sésame nécessaire pour faire des affaires avec les majors du pétrole, avoir des comptes dans les grandes banques internationales et bénéficier de la plupart des services offerts par les groupes maritimes des grands pays occidentaux, rappelle le Wall Street Journal.

Sauf les pétroliers de la "flotte de l’ombre". "Ce sont des anciens navires qui devraient théoriquement être bientôt démontés mais sont rachetés pour reprendre la mer sans avoir pris d’assurance auprès de sociétés dépendant d’un État du G7, afin de pouvoir continuer à commercer avec des pays frappés par des sanctions internationales", explique Lawrence Haar, spécialiste de l’économie de l’énergie à l’université de Brighton.

Ces navires ne se contentent pas de faire l’impasse sur une police d’assurance reconnue par les États du G7. "Ils peuvent aussi éteindre leur transpondeur [qui transmet en temps réel leur position, NDLR] afin de ne pas être repérés en mer", précise Lawrence Haar. D’où l’appellation de "flotte fantôme" retenue par certains médias.

Le prix des vieux tankers explose (...)

Si ces "pétroliers fantômes" venaient à hanter les mers, ce ne serait pas une bonne nouvelle pour le commerce maritime, souligne Francesco Sassi. "La sécurité de la navigation en mer pourrait empirer puisque ces navires sont tous en fin de vie", conclut-il. Avec un risque accru de marées noires ?