
Les explosions entendues lundi 25 et mardi 26 avril visaient le ministère de la Sécurité de l’État, une tour radio et une unité militaire. Elles ont eu lieu seulement quelques jours après une annonce inquiétante d’un commandant russe affirmant que les russophones de Moldavie étaient oppressés. Si cette rhétorique vous semble familière, c’est parce que la même avait justifié l’invasion de l’Ukraine.
La situation géographique de la région justifie la crainte des observateurs de la voir se faire entraîner dans le conflit : la Transnistrie est une bande de territoire coincée entre l’Ukraine et la Moldavie, dont elle a fait sécession en 1992.
Lors de la guerre des séparatistes contre le gouvernement moldave après l’effondrement de l’Union soviétique, l’armée russe a fini par intervenir aux côtés des rebelles. Et au référendum de 2006, 97,1% des habitants ont soutenu l’adhésion à la Russie. Même si la décision n’a jamais été reconnue par la communauté internationale, le territoire est contrôlé par des séparatistes et 1.500 soldats russes y stationnent en permanence.
Pour ce qui est des habitants de la Transnistrie (environ 465.000), ils sont étroitement liés de plusieurs manière à la Russie, mais aussi à l’Ukraine. (...)
La majorité est russophone, quand le reste de la Moldavie parle roumain. Leur économie est soutenue par la Russie, qui y livre du gaz gratuitement et en a fait un véritable satellite de son pouvoir aux frontières de l’Union européenne.
À la suite des explosions, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, s’est dit « inquiété » par ces dernières, tandis que Denis Pouchiline, leader de la république autoproclamée de Donetsk, a avancé l’idée de prendre en compte ce qui se passe en Transnistrie dans la planification de la prochaine étape de l’opération militaire. (...)
Côté moldave, la présidente Maia Sandu s’est clairement opposée à la sécession de la Transnistrie et voudrait que les troupes stationnées à la frontière soient remplacées par une mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe –ce que Moscou refuse, évidemment. Elle a déclaré cette semaine : « Certaines forces à l’intérieur de la Transnistrie sont favorables à la guerre. »