
Ankara veut s’imposer dans la ruée vers les hydrocarbures en Méditerranée orientale, quitte à effectuer ses missions d’exploration en partie dans la zone maritime grecque.
La Grèce souhaite un sommet d’urgence de l’Union européenne sur la Turquie, a annoncé mardi 11 août le bureau du premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, après l’envoi d’un navire turc de recherche d’hydrocarbures dans une zone maritime grecque qu’Ankara dispute à Athènes. La découverte, ces dernières années, de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l’appétit des pays riverains, comme la Grèce, Chypre, la Turquie, l’Egypte et Israël, donnant lieu à des disputes territoriales. (...)
Athènes avait la veille accusé Ankara de « menacer la paix » en Méditerranée orientale, estimant que la présence dès lundi dans cette zone maritime du navire sismique de recherche turc Oruç-Reis constituait « une nouvelle escalade grave » et « montrait » le « rôle déstabilisant » de la Turquie. (...)
La marine grecque a localisé, mardi, l’Oruç-Reis au sud-est de l’île de Crète : il est escorté par une flottille turque, le tout sous la surveillance de bâtiments de guerre grecs. La Turquie a précisé, mardi, que ce bateau procéderait à ses recherches du 10 au 23 août dans une zone située entre la Crète, dans le sud de la Grèce, et Chypre et au large de la ville turque d’Antalya. Cette zone se situe pour deux tiers en zone maritime grecque, contestée depuis des décennies par Ankara.
« A partir de fin août, nous allons délivrer des permis pour mener de nouvelles recherches et des forages dans de nouvelles zones (…) dans la partie occidentale de notre plateau continental », a affirmé par ailleurs le ministre des affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, lors d’une conférence de presse à Ankara. (...)
« La Grèce et la Turquie ont toujours eu des relations de voisinage compliquées, mais depuis le coup d’Etat manqué contre Erdogan en 2016, la situation s’est nettement détériorée », avait expliqué au Monde Panagiotis Tsakonas, professeur de relations internationales à l’université d’Athènes. Confronté dans son pays à une sévère crise économique, le président turc tente de s’illustrer sur la scène internationale et d’étendre son influence hors des frontières turques, en Syrie, en Libye, en Méditerranée. (...)
Signe de cette volonté de conquête : en novembre 2019, la Turquie signait avec le gouvernement d’accord national libyen (GAN) un accord qui délimite les frontières maritimes bilatérales en empiétant sur des zones exclusives grecques et chypriotes.