
Sommes-nous trop fragiles pour être citoyens ? La participation citoyenne des… comment nous nommer… usagers, patients, psychiatrisés, malades, handicapés psy ? Ces termes qui évoquent l’hôpital comme si une fois sortis on restait tous des psytoyens plutôt que des citoyens à part entière.
Un jour, dans une rencontre de l’association Humapsy, le Forum fou je crois, j’ai compris que ce n’est pas parce qu’on est malade qu’il faut conquérir le droit à s’exprimer publiquement. En fait, on est citoyen avant, après et pendant ce qu’on appelle la maladie. Et quand on parle en société, on est un citoyen avant tout, le diagnostic psychiatrique t’appartiens et tu n’as pas à en avoir honte ou à le revendiquer car, en général, les autres voient en toi d’abord un être humain et pas une étiquette.
Personnellement, je me battais pour retrouver ma citoyenneté et le droit à la parole citoyenne depuis que j’en avais perdu l’usage à l’hôpital psychiatrique. D’abord, parce que, délirant pour la première fois et ne comprenant pas ce qui m’arrivait, je ne pouvais pas exprimer une quelconque parole et qu’après, je croyais que ma parole n’avait plus de valeur, qu’elle était devenue pathologique, à l’image des gens qui parlent tout seuls dans le métro et dont on se soucie peu du contenu que peut avoir leur logorrhée.
Il m’a fallu reprendre confiance, la psychothérapie et le temps aidant, l’effet des psychotropes se tassant, j’ai peu à peu repris la parole. J’ai compris et j’ai surtout mûri pour comprendre que vouloir faire la révolution (seul) n’était pas tant un trouble du comportement qu’un rêve d’adolescent. (...)
Et puis dans ma solitude désespérante, j’ai intégré des collectifs qui m’inspiraient de l’espoir et me donnaient envie d’être avec les autres. Il y a eu les indignés, le collectif de soutien pour la Grèce, la commission Psy, soin accueil à Nuit Debout, Radio Sans Nom, mais aussi l’association Clubhouse dont l’une des missions est la déstigmatisation des troubles psychiques, du coup j’ai pu prendre la parole en public, toujours en binôme, de manière protégée. Ensuite, j’ai participé à l’organisation de la Mad Pride à Paris pour porter cette cause sur la voie publique et dans les médias.
D’ailleurs cette année, on va à Genève pour la Mad Pride suisse dans l’espoir, qui sait, de faire renaître la Mad Pride en 2020 à Paris, avis aux intéressé.e.s ! (...)
Le projet de média alternatif Comme des fous, né au Clubhouse Paris avant de devenir indépendant et de se constituer à son tour en association en avril 2019, est aujourd’hui sur le point d’intégrer la Maison de la Vie Associative et Citoyenne du 11e à Paris. On sera présents aussi à la Journée citoyenne du 12 octobre 2019 à Paris organisée par l’association Ma P’tite Folie. (...)