
Après une première salve d’articles pointant les “erreurs de communication” du nouveau président au cours de l’été vint l’avalanche de commentaires annonçant un virage “radical” pour la rentrée. Belle occasion pour le pouvoir en place de compter ses relais dociles dans le champ médiatique, et pour nous de constater que la circularité circulaire de la communication entre journalistes et politiques nuit gravement à l’information.
(...) En dépit de la variété des métaphores, on observe au moins un dénominateur commun aux médias dominants : la nécessité de communiquer au public le changement de communication du locataire de l’Élysée. Relayant à l’envi l’idée – hautement contestable – selon laquelle il y aurait eu une raréfaction de la parole d’Emmanuel Macron depuis son élection, les grands médias sont à l’unisson pour se faire l’écho – sinon entériner – un prétendu « changement » de communication qu’un travail journalistique digne de ce nom aurait encore à prouver.
Avec comme résultat, un « bel » exemple de prophétie auto-réalisatrice : à force de multiplier articles et reportages pour claironner que la communication gouvernementale va changer et que la parole présidentielle va désormais être plus fréquente, les pros du commentaire [3], ne pourront plus être démentis. Tout se passe comme si l’omniprésence médiatique souhaitée par le pouvoir n’avait d’égal que l’empressement de ses relais journalistiques à la confirmer.
Misère du journalisme politique
Mais outre l’uniformité du message porté par les médias, comment ne pas insister sur la vacuité de celui-ci ? (...)
À force de communiquer sur la commucation politique, les professionnels du commentaire sont réduits (et se réduisent) à de serviles messagers du pouvoir en place. (...)
Ou comment hyper-communication rime invariablement avec sous-information.
Un seul et même monde (...)
s’il fallait ne retenir qu’un exemple de mot d’ordre aussi creux que passe-partout, symbole de la vulgate politico-médiatique, la « pédagogie » constituerait un merveilleux cas d’école. (...)
Quant à France Info, elle dévoile à son insu la véritable fonction de la « pédagogie » : faire accepter au plus grand nombre une réforme consistant à faire un cadeau fiscal « nécessaire » aux plus nantis (...)