« L’économie de marché est objectivement plus efficace que l’économie dirigée », expliquait l’éditorialiste français Guy Sorman dans un livre intitulé « La Solution libérale », en 1984. Avant de conclure : « Toute intervention extérieure au marché vient nécessairement diminuer sa performance. » Le marché comme gage d’efficacité : l’idée demeure puissante dans les discours publics. Cela invite à l’examiner.
a politique de concurrence contribue à stimuler l’esprit d’entreprise et la productivité, à élargir l’offre pour les consommateurs, à faire baisser les prix et à améliorer la qualité des biens et services », assure le site de la Commission européenne. La foi dans les vertus du marché se trouve au cœur de la construction européenne. Selon ce credo, la libre concurrence entre entreprises privées permettrait de laisser jouer la « loi de l’offre et de la demande » et de garantir ce que les économistes appellent l’« allocation optimale des ressources ».
Mettre un prix à ce qui n’en a pas, un moyen pour résoudre tous les problèmes
Les écoles classiques, puis néoclassiques (voir « Un foisonnement d’écoles de pensée »), ont pourtant admis qu’il existe trois domaines où les marchés dysfonctionnent et où une intervention active de l’État s’avère nécessaire : les biens collectifs, les monopoles naturels et les externalités. Définissons les termes. Le phare constitue l’archétype du bien collectif : tout bateau en bénéficie, même s’il n’a pas payé pour le service – une situation peu motivante pour le secteur privé. (...)