
Une nouvelle étude scientifique atteste que d’importantes quantités d’antibiotiques ont été détectées dans de très nombreux cours d’eau de la planète.
Parce qu’elle met en scène le cataclysme à venir tout en façonnant l’imaginaire de la fin, l’urgence écologique, dont l’enjeu n’est rien moins aujourd’hui que le salut de la planète, est devenue une inépuisable matière à récit, où la réalité dépasse désormais bien souvent la fiction.
Nouvelle illustration de cette nature souillée, où l’homme lui-même pourrait être infecté : une étude scientifique, publiée cette semaine par des chercheurs britanniques, nous apprend que les fleuves et rivières du monde entier sont aujourd’hui pollués par les antiobiotiques. Cette contamination invisible à l’oeil nu se vérifie non seulement dans les deux tiers des échantillons analysés à travers les six continents, mais aussi dans des proportions dépassant parfois largement le seuil de sécurité.
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Le Bangladesh, le Kenya, le Ghana, le Pakistan et le Nigeria abriteraient les cours d’eau les plus touchés. Les zones de troubles politiques telles que la frontière israélo-palestinienne font également partie des lieux où le risque de contamination est élevé.
Le triméthoprime, antibiotique utilisé pour traiter les infections urinaires, a été le plus fréquemment dépisté : sa présence a été constatée dans 307 des 711 sites testés. (...)
Risque de résistance
L’étude rapporte également que sur certaines voies navigables, la concentration d’antibiotiques est 300 fois supérieure aux niveaux de sécurité, un taux impliquant un risque pour la santé.
L’équipe de recherche craint que les antibiotiques présents dans les rivières ne développent une résistance aux antimicrobiens, ce qui signifie qu’ils deviendraient inefficaces face aux bactéries et ne pourraient plus être utilisés chez les êtres humains. L’ONU estime à cet égard que l’augmentation de la résistance aux antibiotiques pourrait tuer jusqu’à dix millions de personnes d’ici 2050. (...)
Les antibiotiques pénétreraient dans nos cours d’eau par le biais de nos déchets et de ceux des animaux, ainsi qu’à travers des fuites émanant du traitement des eaux usées et de la fabrication de médicaments.