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La coopérative de jasmin
Article mis en ligne le 23 janvier 2016
dernière modification le 18 janvier 2016

Elles sont 9 émigrées sans-papiers des Philippines. Elles se sont réfugiées à New York et se sont retrouvées femmes de ménages, esclaves le plus souvent de la haute bourgeoisie américaine ou de familles de diplomates. Elles viennent de fonder leur coopérative, la Damayan Cleaning Cooperative, le 27 septembre 2015. De l’esclavage à l’autogestion, un grand bond en avant. Le jasmin, fleur nationale des Philippines est leur emblème.

(...) « Nous sommes fiers de lancer notre propre coopérative. Nous avons créé notre propre entreprise, avec dévouement et ardeur au travail, qui est la propriété de ses membres – des travailleuses philippines émigrées. Nous sommes enthousiastes à l’idée de créer cette entreprise non seulement pour ses membres mais pour défendre des emplois décents pour notre communauté » explique Annie Bello, une des fondatrices de la coopérative.

Cette toute nouvelle coopérative s’ajoute à de nombreuses autres qui essaiment à New York. (...)

Esclavage diplomatique

La trajectoire de Judith Daluz est à l’image des autres nouvelles coopérantes. En 2006, elle arrive clandestinement aux États-Unis avec la promesse que lui a faite un diplomate étranger de l’employer comme femme de ménage pour 1800 dollars mensuels. Elle espère ainsi pouvoir payer les soins de sa fille épileptique et les études de son fils, tous deux restés aux Philippines. À la veille de son départ, le diplomate lui annonce qu’il ne la paiera plus que 500 dollars. Mais il est trop tard pour reculer. Arrivée à New York, elle connaîtra l’enfer de l’esclavage domestique. Il lui est interdit parler à personne d’autre que les membres de la famille du diplomate et elle travaille 18 heures par jour, sept jours sur sept. Son passeport est confisqué et on menace de dénonciation si elle se plaint. En raison de leur immunité diplomatique, ces abus sont courants dans ces milieux car le ministère de la justice américaine hésite à poursuivre. En 2008, officiellement, 42 procédures judiciaires mettent en cause des diplomates.
(...)

Une des coopératives pionnières qui a ouvert la voie et reste un modèle pour beaucoup est la
Si Se Puede ! Women’s Cooperative, coopérative elle aussi de nettoyage, fondée en 2006, avec le soutien du Center for Family Life, par « des femmes immigrées dans une entreprise dirigée par des femmes, gérée par femmes et écologiste ». Ses membres étaient originaires du Bangladesh, de la République dominicaine et principalement du Mexique (...)

En juin 2014, la mairie de New York décide de lancer un programme de 1,2 million de dollars pour développer les coopératives ouvrières, le « Worker Cooperative Business Development Initiative ». Ce programme est à destination de 11 organisations qui ont déjà développé des coopératives parmi des travailleurs de couleur à faible revenu, pour leur permettre de devenir leur propre « entrepreneur ». Il a déjà permis la création de 21 nouvelles coopératives en plus des 26 déjà existantes. À la fin de 2016, on prévoit que New York comptera 66 coopératives de production. La Damayan Cleaning Cooperative est l’une entre elles. (...)

Depuis son ouverture, la Damayan Cleaning Cooperative a gagné un contrat avec la The Nature Conservancy, association à but non lucratif dédiée à la protection de la nature et avec la Brooklyn Community Foundation, fondation publique qui ont annulé leur précédent engagement avec des sociétés privées de nettoyage.

La coopérative espère avoir assez de contrats pour permettre à ses membres de travailler de 20 à 40 heures par semaine et à plus long terme embaucher. (...)