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Mediapart
La cour d’appel de Paris confirme les financements libyens de Claude Guéant
Article mis en ligne le 5 mars 2022

Au détour d’une récente décision dont Mediapart a pu prendre connaissance, la juridiction parisienne a confirmé noir sur blanc que l’ancien ministre a perçu des fonds du régime Kadhafi du temps où il était le secrétaire général de l’Élysée sous Sarkozy.

Il y a eu son incarcération pendant deux mois dans l’affaire des primes en espèces du ministère de l’intérieur, puis sa condamnation à de la prison ferme dans l’affaire des sondages de l’Élysée, mais aussi la certitude d’un procès à venir dans l’affaire des élections législatives de 2012…

Le supplice judiciaire de Claude Guéant, déjà inédit pour un ancien ministre de l’intérieur et n° 2 de l’Élysée, ne s’arrête pourtant pas là. L’ex-bras droit de Nicolas Sarkozy doit également composer avec une succession de récentes mauvaises nouvelles dans un autre dossier, probablement le plus grave d’entre tous : l’affaire des financements libyens. (...)

Non seulement la justice a mis en échec ces dernières semaines toutes les tentatives de ses avocats visant à faire tomber la procédure pour vice de forme, mais la cour d’appel de Paris, au détour d’une décision rendue en novembre dernier, a confirmé noir sur blanc que Claude Guéant a perçu des fonds du régime Kadhafi du temps où il était le secrétaire général de l’Élysée sous Sarkozy, selon un document judiciaire consulté par Mediapart.

Le faits portent sur l’un des deux principaux volets du dossier libyen : l’enrichissement personnel en 2008 du bras droit de Nicolas Sarkozy, qui s’ajoute aux soupçons de financements politiques (2005-2007). (...)

Dans les faits, l’enquête a montré que les 500 000 euros perçus en 2008 par Claude Guéant avaient été versés initialement depuis le compte d’un milliardaire saoudien, proche du réseau Djouhri, puis avaient transité sur celui d’un avocat en Malaisie, avant d’atterrir à la BNP, en France, au profit du n° 2 de l’Élysée. La somme a ensuite été compensée au centime près sur le compte d’origine grâce à l’achat (surfacturé) par un fonds souverain libyen, le LAP donc, d’une maison dans le sud de la France, appartenant à une société liée à Alexandre Djouhri.

Le LAP était alors dirigé par le directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Béchir Saleh, dont l’enquête a par ailleurs montré qu’il avait été exfiltré de France dans des conditions rocambolesques au lendemain de révélations de Mediapart sur l’affaire libyenne en 2012. Le ministre de l’intérieur de l’époque était… Claude Guéant et le chef des services secrets intérieurs d’alors, Bernard Squarcini, placé sous son autorité, avait participé à l’exfiltration de Béchir Saleh, alors que ce dernier était visé par un mandat d’arrêt d’Interpol. (...)

Claude Guéant et Alexandre Djouhri restent par ailleurs mis en examen pour « association de malfaiteurs » dans l’autre volet du scandale libyen, qui vaut également une série de mises en examen pour l’ancien président Nicolas Sarkozy et deux de ses anciens ministres, Brice Hortefeux et Éric Woerth.