
Les conséquences géopolitiques de la décision américaine de sortir de l’accord de Paris sont graves : car ce qui se joue avec le changement climatique, c’est en fait la paix du monde.
La décision de Donald Trump de quitter l’Accord de Paris, annoncée le 1 juin, est d’une gravité impressionnante. Elle aura des conséquences néfastes sur la paix du monde, déjà fragile et mal en point en de nombreuses régions du globe.
Les États-Unis abandonnent un traité qui est le seul à unir la communauté internationale sur un sujet d’importance vitale. Ce faisant, ils affaiblissent l’idéal même de la paix commune. La première puissance mondiale affiche aussi qu’elle se détourne de sa responsabilité planétaire pour ne s’intéresser qu’à elle. Cette attitude crée un vide qui entraine une instabilité. En géopolitique, instabilité signifie danger.
De surcroît, il est évident que la lutte contre le changement climatique va s’affaiblir.
Le précédent existe : en 2001, Georges W. Bush avait décidé que les États-Unis ne respecteraient pas le protocole de Kyoto, signé en 1997. Cette décision avait rendu le protocole inefficace, les émissions planétaires de gaz à effet de serre augmentant fortement durant toutes les années 2000.
De la même façon, les timides avancées de l’accord de Paris perdront de leur force, d’abord parce que les États-Unis de M. Trump vont user des énergies fossiles sans vergogne, ensuite parce que d’autres parties à l’accord s’en sentiront moins obligées. (...)
Il est significatif, d’ailleurs, qu’une autre décision prise par M. Trump, en février, ait été d’augmenter les dépenses militaires des États-Unis. Elles sont déjà énormes (...)
Il est possible de contrer les tendances mauvaises impulsées par des États-Unis qui sont devenus une menace pour la paix du monde. Il faudrait une Europe réellement unie, et qui sache rompre sa liaison de dépendance intellectuelle et culturelle avec les États-Unis. Il faudrait aussi que cette Europe sorte du système productiviste et de croissance, ce qui n’est possible qu’en réduisant fortement les inégalités et le pouvoir des marchés.
Il ne semble pas que ce soit la direction prise par les classes dirigeantes européennes. La paix du monde est en danger.