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La face cachée de l’iceberg. Retour sur l’expulsion de 200 migrants à Pacé (35)
Article mis en ligne le 26 décembre 2012

Bien que l’opération ait été réalisée en concertation avec certains ministères, le préfet et certains élus ont manifestement été très fiers d’avoir expulsé plus de 200 migrants du squat de Pacé le 27 novembre 2012. Une réussite prétendument exemplaire, à mettre au crédit de la préfecture d’Ille et Vilaine.

Les militants de terrain le concèdent. L’expulsion a été finement cadrée. Du prêt à consommer. Rien à dire sur le moment présent. Les expulsés du jour se sont vus promettre un lit pour le soir et il semblait qu’enfin, concernant ceux-là précisément, le droit et les obligations de l’Etat seraient définitivement respectés. Soit un hébergement pérenne pour tous et cela sans condition.

Une avancée considérable au regard des dernières et récentes expulsions où uniquement quelques familles se voyaient attribuer pour quelques jours une solution d’hébergement tandis que leurs biens et leur refuge étaient systématiquement détruits.

La gendarmerie a subrepticement encerclé la Résidence du Parc vers 4h00 du matin pour isoler les migrants de leurs soutiens. Deux heures plus tard, à l’heure habituelle pour toute expulsion, plus d’une centaine de sympathisants se trouvait retenue au-delà du cordon de sécurité tandis qu’arrivait le complément du dispositif policier.

Les plans de communication et d’action avaient été préalablement peaufinés. La veille ou dans la nuit de l’expulsion les services préfectoraux alertaient la presse en annonçant une conférence du préfet pour le lendemain et diffusaient en sous-main une liste de plus de 200 hébergements disponibles. (...)

Cette débauche de communication soulignant la pondération et l’humanité de la mise en œuvre d’une décision de justice n’a suscité pour les migrants comme pour les militants qu’un intérêt de courte durée. Dès 6h30 du matin, à l’extérieur du théâtre des opérations l’envers du décor reflétait le désastre à venir et l’incroyable disproportion entre les paroles et les actes. (...)

Les premières informations obtenues confirment la précarité des offres d’hébergements. 3 à 8 jours maximum. Certains ne savent même pas ou ils seront le lendemain. À une case correspond un nom, comme pour le bétail. La plupart des familles partent vers des lieux isolés. Les transports sont rares et hors de prix pour un migrant sans le sou. Sans compter que les arrêts se situent souvent à plusieurs kilomètres de leur point de chute. Elles n’ont pour rechange que les vêtements qu’elles portent, aucune réserve alimentaire et pas d’autre choix que de se soumettre à l’ordre préfectoral et de rester à ressasser leur inquiétude dans le plus grand des désœuvrements.

Rapidement les associations et collectifs réceptionnent les appels de détresse et recoupent les informations. Il faut parer au plus pressé. (...)

Difficile de faire un bilan. Pour l’essentiel jusqu’ici la préfecture a tenu parole. Les expulsés de la Résidence de Parc de Pacé semblent être devenus prioritaires concernant l’attribution des places en Cada et pré-Cada ou dans le dispositif du 115. Ceux-là se sont rarement retrouvés à la rue depuis un mois, bien que le phénomène tende à s’amplifier concernant les célibataires.

La rotation de la misère persiste à Rennes et tandis que l’on s’occupe de ceux-là, d’autres familles sont expulsées ou/et maintenues contre leur gré à la rue. Les organisations nationales de solidarité reconnues et partenaires habituelles de la préfecture, qui prétendent par ailleurs justifier d’un savoir-faire sans faille dans l’accompagnement social, la sécurité et hygiène, restent définitivement silencieuses et aveugles quant aux pratiques préfectorales à l’instar des élus politiques locaux qui évitent le sujet ou ne s’expriment que pour justifier d’une manière ou d’une autre les expulsions.

Une certitude. La réquisition de la Résidence du Parc a redonné de l’espoir et du dynamisme aux militants et aux migrants. De nouvelles associations ou collectifs sont apparus pour s’associer à cette démarche commune. Chacun apportant sa pierre à l’édifice selon ses propres objectifs. L’unité, la diversité et la cohésion des actions et des acteurs aura été prépondérante dans ce combat et ceux à venir.