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“La fin est proche”, “N’oubliez pas notre sacrifice” : Dépêches d’Alep Est
Article mis en ligne le 2 décembre 2016

Pendant que les forces loyales au régime Assad avancent dans Alep Est aux mains des rebelles et assiégée, les organisations de défense des droits humains ainsi que l’ONU sonnent l’alarme.

Au moment de l’écriture de cet article, plus de 50.000 personnes ont été déplacées par l’avancée du régime syrien, selon les Nations Unies. Si le nombre des morts est difficile à déterminer à cause de l’ampleur des bombardements, on estime qu’il se comptent en centaines. Des centaines d’autres sont pris par les forces du régime dans leur tentative de fuir, et au moins 500 hommes ont subi des disparitions forcéees.

D’autres ont averti que bon nombre des plus de 250.000 civils piégés dans Alep Est sont déjà dans une situation désespérée due aux effets du siège et au ciblage permanent des hôpitaux et autres infrastructures civiles par les forces aériennes du régime Assad et du gouvernement russe.

Médecins Sans Frontières rapportait le 15 novembre 2016 :

Le redoublement d’intensité de la guerre fin novembre dans les zones assiégées proches de Damas et Homs a conduit à des hausses significatives du flux massif de victimes, dit Médecins Sans Frontières (MSF). De multiples frappes aériennes frappent à nouveau aujourd’hui la Ghouta orientale ; le personnel médical dans la zone signale de nombreux morts, dont des femmes et des enfants, mais le décompte des blessés et morts de guerre d’aujourd’hui n’est pas encore complet.

Vendredi 18 novembre 2016, la Direction de la Santé d’Alep Est annonçait que tous les hôpitaux restants étaient hors service (...)

Cette situation désespérée a conduit Jan Egeland, coordinateur des Secours d’urgence de l’ONU en Syrie à dire que le Conseil de Sécurité de l’ONU a “totalement failli” à protéger les civils (...)

Human Rights Watch (HRW) a listé les procédés utilisés par l’aviation russo-syrienne, sans nier que de nombreux enfants ont aussi été tués par les mouvements rebelles avec mortiers, missiles ou autres attaques. Parmi les moyens utilisés par le régime syrien et son allié russe, l’infâme méthode du ‘double tap‘ qui mise en pratique ressemble à ceci :

Ils sont tués par les frappes aériennes syro-russes à Alep Est. Nous entrevoyons occasionellement les résultats, comme ces deux jeunes garçons filmés dans un faubourg d’Alep Est, en deuil après la mort de leur frère dans une frappe aérienne en août. Quelques jours plus tard, un aéronef syrien bombardait le cortège funèbre. Puis ils ont bombardé les gens venus à la rescousse.

Le ‘double tap’, en d’autres termes, c’est bombarder un site, attendre l’arrivée des secours pour le bombarder à nouveau. D’autres procédés meurtriers utilisés par les aviations syrienne et russe incluent des armes interdites internationalement comme les bombes à sous-munitions et les armes chimiques (...)

Le régime et son allié russe ont même lâché des tracts sur la ville, portant cette menace : (...) “C’est votre dernier espoir….Sauvez votre vie. Si vous ne quittez pas ces zones immédiatement, vous serez anéantis” et ils concluent “Vous savez que tout le monde vous a abandonnés. Ils vous ont laissés seuls devant votre destin et personne ne vous aidera” Cette dernière partie est tragiquement exacte.

Les militants à l’intérieur d’Alep Est peinent à tenir régulièrement informé le monde extérieur du fait des coupures de courant à répétition. Un militant des médias, Syrien de 24 ans qui a voulu garder l’anonymat, a déclaré à Global Voices :

Je ne vais pas vous menti. J’ai renoncé. Je me déteste pour ça, ils [le régime] ont tué ma fille et plusieurs de mes amis, mais je n’en peux plus. La fin est proche.

Un autre militant de l’information, Abdelrazzak Zakzouk, 23 ans, qui est vidéographe, a répondu à la question de Global Voices s’il avait un message pour les personnes engagées et la communauté internationale :

Traduction Citation d’origine

Je vis dans le quartier oriental d’Ansari, dans Alep assiégée. En ce qui me concerne, je vais bien jusqu’à présent. Mais la situation générale est catastrophique. Le quartier a subi les bombardements comme tous les quartiers d’Alep. Les bombardements sont devenus partie intégrante de la vie. Voir des cadavres dans les rues, et des morceaux de corps causés par les bombardements et les obus de mortier et les frappes aériennes, du régime et de ses alliés, est devenu commun.

Aujourd’hui, sous les bombes et le siège, j’adresse mon message aux militants syriens et à ceux qui sont soucieux de la révolution, pour leur demander d’envoyer notre message pour lequel nous avons sacrifié et continuons à sacrifier. Je leur demande de parler de la révolution syrienne aux étrangers, puisqu’ils sont nombreux à vivre dans des sociétés occidentales et ont le temps de le faire. Et je demande aussi aux Syriens engagés de revendiquer les principes de notre révolution et notre persévérence pour qu’elle puisse continuer.

Hélas nous n’avons pas confiance dans ceux qui dirigent, les soi-disant décisionnaires. Après six ans de révolution, qui a comporté leur assistance au régime de Bachar Al Assad avec l’offre de soutien pour garantir son maintien, nous ne pouvons même plus les regarder dans les yeux.

Le minimum que nous demandons aux Nations Unies et aux gouvernements du monde est de ne pas oublier les 300.000 civils présent dans Alep assiégé. Notre souci n’est plus la nourriture et l’eau. Malgré le siège, la question principale dans notre esprit est “pourrons-nous retourner dans nos foyers après les avoir quittés ?” Et “si nous ne partons pas, resterons-nous vivants ?”

J’ai pris la photo jointe [en tête de l’article] aujourd’hui [29 novembre], après la chute de 13 barils sur le quartier d’Ansari-Est où j’habite. Les bombes-barils étaient accompagnées de tirs au mortier sur le quartier.

Les tweets de Bana, 7 ans, et sa mère Fatemah, une professeur d’anglais à Alep Est, sont devenus viraux. En voici quelques-uns du 27 novembre. (...)

APPEL au monde – Bana et moi avons reçu des menaces de mort et sommes persuadées que l’armée syrienne va bientôt nous cibler à cause de notre compte et nos messages
(...)