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La flotte de pêche d’Intermarché sous perfusion des aides publiques
Article mis en ligne le 14 février 2013

Depuis 2009, la flotte d’Intermarché avait cessé de publier ses comptes, malgré l’obligation faite aux entreprises de déposer leurs comptes annuels,¹ et surtout malgré le fait que cette flotte, l’acteur français le plus important de la pêche en eaux profondes, soit devenu le point de mire des institutions européennes qui sont en train de réformer le règlement encadrant cette pêche, notamment celle au chalut de fond, décrite par les chercheurs comme « la plus destructrice de l’histoire ».

La Commission européenne, en conformité avec les engagements pris devant la communauté internationale d’éliminer les pratiques de pêche destructrices, a ainsi proposé en juillet 2012 de mettre fin au chalutage profond dans les deux ans suivant l’adoption du nouveau règlement.

Principale concernée : la flotte d’Intermarché, la Scapêche, et six de ses navires ciblant les espèces profondes dans l’Atlantique Nord-Est à l’aide de chaluts de fond déployés à plus de 1000 mètres de profondeur. (...)

Les demandes amicales adressées par BLOOM à la Scapêche de publier ses comptes étant restées sans suite, il a fallu entamer une procédure d’assignation en référé auprès du Tribunal de Commerce pour que la filiale du groupe Intermarché se décide enfin à publier, mi-janvier 2013, ses comptes de 2009 à 2011.

L’analyse des comptes réalisée par l’Association BLOOM révèle une situation en tous points contradictoire aux dires de la flotte des Mousquetaires : malgré des subventions publiques substantielles, l’activité de pêche d’Intermarché opère à perte de façon chronique et n’est absolument pas viable économiquement.

En effet, en dépit de près de 10 millions d’euros de subventions perçues entre 2004 et 2011 et 20 millions d’euros injectés par le groupe Intermarché, la Scapêche a accumulé plus de 19 millions d’euros de pertes courantes.² (...)

Si l’activité de pêche est déficitaire, il ne fait aucun doute que le profit se fait aux rayons poissonnerie des supermarchés de l’enseigne, qui réalisent la marge grâce à l’accès au consommateur final.

« Acheter son poisson chez Intermarché équivaut presque à le payer deux fois : d’abord en amont par le biais de nos impôts puis en aval sur notre panier de ménagère » ironise Claire Nouvian, fondatrice de BLOOM.

La politique de subventions publiques à l’égard de la flotte d’Intermarché est en complète contradiction avec les objectifs de la Politique Commune de la Pêche qui sont de « renforcer le développement d’entreprises économiquement viables » et de « favoriser la protection de l’environnement et la conservation des ressources de la mer ». (...)