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Les eaux glacées du calcul égoïste
La fraction la plus réactionnaire du lobby de...
Article mis en ligne le 15 juillet 2016
dernière modification le 11 juillet 2016

La fraction la plus réactionnaire du lobby de l’eau français vient d’établir la “feuille de route” de la politique de l’eau pour l’après-2017, sous forme de rapport d’une mission d’enquête sénatoriale qui décline, étape par étape, un train de mesures qui renvoie aux poubelles de l’histoire le récit dominant des dix dernières années. La mise en oeuvre de cette régression sans précédent aura des conséquences dramatiques sur des politiques publiques déjà mises en pièces depuis 2012.

Une véritable escroquerie intellectuelle qu’il faut prendre très au sérieux quand se profile le retour des costards croisés en 404.

Autrement dit, plus c’est gros plus ça passe, et s’il y en a un qui la ramène, on règle ça à la batte de base-ball.

“On vous en foutra des Nuit Debout, bande d’abrutis, nous c’est le boulevard des Allongés…”

Bref, pour emballer l’affaire on a d’abord droit à l’apocalypse du changement climatique. C’est pas nos deux sénateurs qu’on va pouvoir accuser d’être des climato-sceptiques. Non, comme Christiane Lambert qui m’avait fait le coup à C’est dans l’air, sur le mode “Y aura plus de pain dans les boulangeries cet été”, avant que je ne lui colle sous le nez (à sa grande fureur), une carte qui superposait (exactement) les territoires recevant le maximum de primes PAC à l’irrigation à ceux affectés chaque année par des arrêtés préfectoraux de restriction à la consommation d’eau potable, nos deux lanceurs d’alerte sont hyper-convaincus que le “change” va totalement ravager nos belles campagnes.

Et pas dans trois cent ans, non, là, tout de suite, demain.

Ici voir le savant embrouillaminis entre la disparition des atolls dans le Pacifique et l’assèchement de la Beauce, un classique du genre. Bref, c’est l’Apocalypse. Now. Point final.

Et c’est ici que les Athéniens s’atteignirent, et que le cynisme de notre bande de brigands affleure au grand jour, avec un époustouflant tour de passe-passe.

L’empreinte eau, l’empreinte eau, vous-dis-je !

Ah que, faut arrêter d’acheter des tomates au Maroc, parce qu’on “vole” leur eau aux pauvres arbis qu’on précipite ainsi dans la géhenne !

(Evidemment nos mêmes pleureuses se feront inviter une semaine dans un ryad à Marrakech pour la COP 22…).

Bref comme le changement climatique va transformer Seine Normandie et Adour Garonne en désert de Gobi, devinez-quoi ?

Il va falloir d’urgence, de toute urgence, “constituer des réserves naturelles”, partout, en masse, et financées bien sur par des tonnes d’argent public, que l’on ira puiser dans les poches profondes des Agences, sous couvert des “projets de territoires”, mirifique héritage de l’éphémère ministricule Philippe Martin. Enfin le seul héritage ou à peu près que nos émigrés, de retour au pays natal, conserveront de la regrettable parenthèse 2012-2017.

Ici ne pas s’y tromper. Tous les rapports, décisions, débats, qui ont marqué la période, sont désormais nuls et non avenus.

C’est le b-a ba du terrorisme bureaucratique : mentionner en deux mots telle question, tel débat, tel rapport…, afin de l’expédier définitivement ad patres.

Ici la mécanique infernale est au mieux de sa forme. Et une fois posés les grands principes, en fait il n’y en a qu’un, l’irrigation à donf, reste plus qu’à dévaler la pente. Tout schuss ! (Histoire de relancer les canons à neige, en passant, y a pas de mal à se faire du bien).

Bon, quand ça pourrait possiblement coincer, on se lance dans le “benchmark” européen. Et devinez ce qu’on va découvrir dans la musette ? Un épouvantable “prisme anglo-saxon” qui a totalement contaminé les politiques européennes, les directives sur l’eau, tout çà…

Comment dès lors éviter une véritable “guerre de l’eau” si on n’arbitre pas (à la hâche), entre les conflits d’usage, et que l’on ne hiérarchise pas les besoins ?

Car enfin le CA de l’agriculture française (que le monde nous envie), c’est 67 milliards d’euros par an, 18% du CA de l’agriculture européenne ! Et l’impératif absolu c’est de nourrir les populations (tant il est vrai que les 66 millions de Français crèvent de faim…), et donc, par exemple, pour l’irrigation, financer massivement par des aides publiques le goutte-à-goutte, puisque l’IRSTEA a prouvé son admirable efficience.

Quand les bornes sont franchies, y a plus de limites.

Ergo, il faut donc “consommer moins et gérer mieux… pour produire plus !”

Et vas-y que Suez nous fourgue ses “Smart operation center”, que les fermes connectées font s’envoler des drones. Qu’on va marier les “4 pour 1000” avec les OGM de blé et de tournesol que prépare Arvalis…

Il faut miser sur la recherche, et surtout le RE-USE, parangon de l’économie circulaire que des réglementations imbéciles, véritables carcans, empêchent de se développer en France.

C’est vrai quoi, des agrumes primeurs certifiés bio arrosés avec des eaux d’égoûts recyclées, voilà ce qui nous évitera la disette !

Et même on va enfin pouvoir carrément boire des eaux d’égoûts recyclées puisque Veolia (Anjou-Recherche), y travaille avec Vendée eau dans le cadre du projet européen “Demoware". Hommage ultime à Jacques Oudin ?

Et le dessalement, et la réalimentation (forcée), des nappes phréatiques, faudrait pas les oublier, non plus.

Bon, y aussi la “gouvernance”, très perfectible. (...)