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La guerre contre l’Organisation de l’Etat islamique par ceux qui la font
par Philippe Leymarie, 28 janvier 2016
Article mis en ligne le 6 février 2016
dernière modification le 31 janvier 2016

« Nous ne nous laisserons jamais impressionner (…) Rien ne nous effraiera (…) Aucune menace ne fera douter la France (…) Nous ne céderons en rien (…) Nous sommes déterminés à frapper, frapper encore », a réagi le 25 janvier le président François Hollande, depuis l’Inde où il était en voyage officiel, après la diffusion d’images sur les attentats du 13 novembre dernier, attribués à l’Organisation de l’Etat islamique (OEI). Pendant que les politiques font les matamores, les militaires font la guerre : le général Didier Castres, chef d’état-major adjoint pour les opérations, entendu ces dernières semaines par la commission des affaires étrangères du Sénat, a brossé un portrait précis et en partie inédit de la situation et de l’ennemi, tels que les voit le « Balardgone » (1).

Et d’abord, en chiffres, communiqués au fil de cette intervention devant les parlementaires :

• Les effectifs des forces combattantes de l’OEI en Irak et en Syrie sont estimées à 30 000 par l’état-major français, dont 40 % de combattants étrangers. Ces derniers comptent notamment dans leurs rangs 4 000 russophones dont 2 000 Russes (2). En dépit de ses reculs sur le terrain, l’attractivité de l’OEI ne faiblit pas : une centaine d’hommes et femmes rejoignent les fronts chaque semaine en provenance de l’étranger. (...)

Pour le chef d’état-major adjoint chargé des opérations militaires, la crise — dans ce que les responsables français appellent à nouveau « Le Levant » — connaît cinq évolutions majeures :

• 1. Le conflit est en voie d’internationalisation, (...)

• 4. La stratégie globale contre l’OEI existe, elle est cohérente et globale même si elle présente des faiblesses. Elle prévoit d’assécher les ressources financières internationales de l’OEI (groupe piloté par les Etats-Unis) ; d’entraver le flux de combattants étrangers rejoignant le groupe (pilotage de l’Allemagne) ; de contrecarrer sa propagande, en particulier sur Internet ; un quatrième groupe s’attache aux aspects de la gouvernance et de la reconstruction post-conflit (institutions, forces de sécurité, économie) ; et le cinquième volet concerne l’intervention militaire en elle-même.

Une stratégie qui, affirme le général, vise à endiguer l’OEI, dans l’attente de la montée en puissance des forces armées locales. En Irak, 15 000 soldats ont été formés, assez efficacement. En Syrie, au contraire, il n’a pas été possible d’identifier des recrues fiables, auxquelles de l’armement aurait pu être confié : il y a une très grande difficulté à trouver des alliés locaux au sol en nombre, organisés et motivés, reconnaît-il.
Forte résilience

Cette stratégie militaire ne peut produire des effets rapides en raison de :

• la faiblesse des moyens engagés par la coalition (100 sorties aériennes par jour, contre 250 lors de l’intervention en Libye, 800 dans la guerre du Kosovo, 2 000 lors de la première guerre du Golfe) ;
• l’absence d’implication des sunnites dans le combat contre l’OEI ;
• l’absence de troupes au sol pour réoccuper les espaces dont l’OEI a été chassé.

"Cependant, selon l’état-major français, les indices de l’affaiblissement de l’OEI en Irak s’accumulent : elle est sur la défensive sur tous les fronts (...)