Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Ouest-France
La junte a expulsé le chef de la division des droits de l’Homme de la Minusma, dimanche.
#Mali #droitshumains #Minusma
Article mis en ligne le 9 février 2023
dernière modification le 8 février 2023

Le chef de la division des droits de l’homme de la mission de l’ONU au Mali a été expulsé par la junte au pouvoir ce dimanche 5 février 2023. Une décision qui fait suite à une hausse des tensions entre la mission onusienne et les militaires, arrivés au pouvoir il y a deux ans.

Un discours à l’ONU n’avait pas plu à la junte

Cette décision annoncée par communiqué intervient après un discours violemment critiqué par la junte prononcé par une défenseure des droits humains malienne, qui a dénoncé il y a dix jours à l’ONU la situation sécuritaire du pays et l’implication, selon elle, des nouveaux alliés russes de l’armée nationale dans de graves violations.

« À l’occasion des différentes sessions du conseil de sécurité des Nations unies sur le Mali, les actions de M. Andali ont consisté à sélectionner des usurpateurs s’arrogeant le titre de représentant de la société civile malienne, en ignorant les autorités et les institutions nationales », dit le communiqué. (...)

Le travail de la division des droits de l’homme obstrué

Les tensions avec la division des droits de l’homme de la Minusma se sont brutalement accrues à l’arrivée des militaires au pouvoir il y a deux ans.

La junte fait ouvertement barrage aux investigations de la Minusma sur les droits humains et les abus dont les forces maliennes sont régulièrement accusées.

La Minusma a été créée en 2013 pour aider à stabiliser un État menacé d’effondrement sous la poussée jihadiste, protéger les civils, contribuer à l’effort de paix ou encore défendre les droits humains.

Mais la situation sécuritaire n’a cessé de s’aggraver au Mali et la question de la capacité de la Minusma à remplir sa mission, et même de la pertinence de son maintien est posée.
« Une situation délicate »

Avec l’extension de son mandat en 2019 au centre du pays particulièrement touché par les violences, la mission, privée désormais du soutien d’opérations étrangères, notamment de la France qui s’est retirée en août, « a fait de son mieux » mais « a été poussée au-delà de ses limites », a noté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans un rapport remis il y a environ deux semaines.

Une situation qui a placé la Minusma dans une « situation délicate », « incapable de répondre aux attentes de la population malienne et de certains acteurs régionaux » et ainsi sujette à des « critiques persistantes ».

D’autant que de nombreux pays ont décidé ces derniers mois d’arrêter ou de suspendre la participation de leurs soldats, comme la Suède, l’Égypte, la Côte d’Ivoire et l’Allemagne dont le ministre de la Défense a estimé lundi que le maintien des forces de son pays « au Mali jusqu’en mai 2024 n’avait aucun sens dans les conditions actuelles » car les troupes ne peuvent y remplir leur mission.
Des inquiétudes grandissantes

L’arrivée au Mali en 2021 d’instructeurs russes ou de combattants de la milice russe Wagner, selon les versions, a coïncidé avec des restrictions imposées à la Minusma par les autorités maliennes (...)

Le discours de Mme Dicko, vice-présidente de l’observatoire Kisal qui documente les atteintes aux droits humains dans le centre du Mali et aide les victimes, au cours duquel elle a souligné les exactions commises par les « terroristes », mais aussi l’implication des « partenaires militaires russes » de l’armée malienne dans des « violations graves des droits de l’Homme et du droit international humanitaire », a provoqué l’ire de la junte. (...)