La décision est une victoire pour le fondateur de WikiLeaks et ses avocats. La juge Vanessa Baraitser a estimé que l’état psychologique du lanceur d’alerte, actuellement incarcéré à Londres, était incompatible avec une extradition.
Lors de la lecture des principaux éléments de son jugement, la juge a pourtant commencé par écarter un à un la plupart des arguments présentés par la défense du fondateur de WikiLeaks, faisant craindre un camouflet aux avocats de M. Assange. Elle a ainsi affirmé que la liberté d’expression ne s’opposait pas à l’extradition de l’Australien.
Elle s’est cependant montrée beaucoup plus réceptive aux arguments liés à son état de santé. (...)
Cette décision est une nette victoire pour l’équipe de M. Assange et ses proches, qui s’attendaient à une validation de l’extradition. Selon Barry Pollack, l’avocat américain de M. Assange, l’équipe d’avocats ayant défendu le fondateur de WikiLeaks est « extrêmement satisfaite » de la décision de la justice britannique. « Nous espérons que, prenant en compte la décision de la cour, les Etats-Unis vont décider de ne pas poursuivre plus avant ce dossier », a-t-il poursuivi.
« C’est un énorme soulagement et une satisfaction », s’est lui aussi félicité Antoine Vey, l’avocat de M. Assange en France. A l’annonce de la décision, la compagne de Julian Assange, Stella Morris, n’a pu contenir quelques larmes. (...)
Le diagnostic sera plus nuancé pour les nombreux observateurs et organisations non gouvernementales (ONG) ayant souligné qu’une extradition vers les Etats-Unis, pour des faits quasi exclusivement journalistiques, représentait une grave menace pour la liberté de la presse.
En effet, la juge a fait siens les arguments américains justifiant d’extrader M. Assange pour son activité journalistique : seul l’argument sanitaire a fait pencher la balance en faveur du fondateur de WikiLeaks. Elle a ainsi estimé que la liberté d’expression ne s’opposait pas à son extradition (...)
Tout en notant que l’affaire n’avait pas été jugée « sur la base des libertés de la presse », l’ONG américaine Freedom of the Press Foundation s’est tout de même félicitée de cette décision. « C’est un énorme soulagement pour quiconque est attaché aux droits des journalistes » et « ce résultat va protéger les journalistes », a-t-elle expliqué sur Twitter. « Le refus d’extradition d’Assange est une décision historique cruciale pour le droit à l’information. Il permet de ne pas faire peser une menace supplémentaire sur le journalisme d’investigation », a de son côté déclaré le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire.
Ce jugement marque une étape décisive dans le bras de fer qui oppose l’Australien à la justice britannique et américaine. Ce n’en est cependant pas l’épilogue : l’accusation a annoncé son intention de faire appel de la décision de la justice britannique. « Même si nous sommes extrêmement déçus par la décision finale de la cour, nous sommes satisfaits car il a été donné raison aux Etats-Unis sur tous les points de droit soulevés. Nous allons continuer à chercher à extrader M. Assange aux Etats-Unis » a expliqué Marc Raimondi, porte-parole du ministère américain de la justice, dans un communiqué.
En attendant, après l’annonce de la décision, M. Assange est retourné en prison : ses avocats doivent désormais déposer une demande de libération sous caution, qui sera examinée mercredi.
L’arrivée imminente de Joe Biden à la Maison Blanche pourrait cependant rebattre les cartes du dossier. Le président américain dispose d’importants pouvoirs d’amnistie et on ne connaît pas les intentions du prochain occupant du bureau Ovale à l’endroit de M. Assange. (...)
Prepping ourselves for the verdict #DontExtraditeAssange pic.twitter.com/FlgZDOIvzv
— Melbourne4WikiLeaks (@Melbourne4Wiki) January 4, 2021