
La cour d’appel de Bordeaux a décidé de renforcer la protection de l’épouse du député de la Gironde Benoît Simian, dans le cadre de leur divorce. L’arrêt, particulièrement sévère, évoque la « persistance du comportement violent » de l’élu, dont l’Assemblée a refusé de lever l’immunité parlementaire.
Comme un boomerang, l’appel formé par le député Benoît Simian s’est retourné contre lui. Alors que l’élu (ex-LREM) de la cinquième circonscription de Gironde contestait l’interdiction qui lui était faite de voir son épouse, la justice a non seulement rejeté son recours, mais a aussi jugé nécessaire, le 23 février, de renforcer les mesures de protection de la femme de l’élu.
Pour justifier leur décision intervenant dans le cadre d’un divorce houleux, les magistrats de la troisième chambre civile de la cour d’appel de Bordeaux ont notamment considéré, selon les termes de l’arrêt consulté par Mediapart, que la « persistance du danger » pour l’épouse de M. Simian était « certaine », malgré la notification le 3 août 2020 d’une première ordonnance de protection. (...)
Cette ordonnance interdisait, en théorie, à Benoît Simian d’entrer en contact direct ou indirect avec son épouse, qui dénonce un harcèlement psychologique à son endroit, et de s’approcher du domicile conjugal. Mais l’élu ne s’y est pas conformé, ainsi que l’avait constaté Mediapart en se rendant sur place cet été (relire ici). « Il s’établit [dans les nombreuses plaintes déposées par son épouse – ndlr] que M. Simian persiste à vouloir entrer en contact directement ou indirectement avec son épouse malgré l’interdiction faite », rappelle ainsi la cour dans son arrêt.
« Au non-respect des interdictions contenues dans l’ordonnance de protection, lequel a justifié la dotation à Mme [nom anonymisé – ndlr] du téléphone grave danger, s’est ajoutée une escalade dans les actes malveillants : pneus crevés, injures telles que rapportées par les attestations de [deux témoins – ndlr] », ajoutent aussi les magistrats. Avant d’expliquer que pour faire face à « la persistance du comportement violent de l’appelant malgré les mesures ordonnées », il convient d’étendre la durée d’application des mesures de protection de l’épouse du député de six mois, tel que décidé initialement, à toute la période du divorce. (...)
Après plusieurs incursions dans le domicile conjugal, Benoît Simian a ensuite revendiqué l’usage d’une prétendue « permanence parlementaire » dans un deux pièces situé dans le jardin, à quelques mètres seulement de l’arrière de la maison occupée par son épouse. « Ce qui pouvait s’analyser en une manifestation de dépit et de non-acceptation obstinée d’une décision devenue pourtant définitive, s’est transformé en harcèlement lorsque celui-ci a entrepris de multiplier les allées et venues au sein de son “bureau parlementaire”, de rôder autour de la maison ou de stationner devant l’entrée de la résidence de son épouse, l’obligeant à faire dégager le véhicule par la fourrière ou bien encore d’entourer la propriété de bandes en plastique destinées habituellement pour les chantiers », estime la cour d’appel.
Les magistrats expliquent qu’à cela « se sont ajoutées des mesures de coercition sous forme de coupures des alimentations en eau et électricité du domicile conjugal », dont M. Simian « ne parvient pas à démentir qu’il en serait à l’origine et qui sont autant d’humiliations pour l’épouse restée au domicile conjugal ». (...)
Embarrassants pour le député, les attendus de l’arrêt de la cour d’appel de Bordeaux le sont également, par ricochet, pour l’Assemblée nationale. Par décision du 9 décembre, son bureau a en effet, contre toute attente, rejeté la demande de levée d’immunité formulée par la procureure de la République de Bordeaux Frédérique Porterie dans le cadre de l’enquête pénale ouverte pour les faits de harcèlement présumé. (...)
🪧« Personne n’est au-dessus des lois »
A l’appel de plusieurs organisations (@leplanning, @LDH_Fr,...), une trentaine de personnes ont manifesté ce samedi devant la permanence du député de Gironde Benoit Simian, rapporte le @JournalduMedoc. pic.twitter.com/73RfC18boM
— Antton Rouget (@AnttonRouget) March 6, 2021