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Mediapart
La justice saisie de l’affaire du prêt émirati de 8 millions d’euros au RN
Article mis en ligne le 12 janvier 2021

Selon nos informations, la justice se penche sur les conditions d’obtention du prêt de 8 millions d’euros qui a sauvé le Rassemblement national après les élections de 2017. Un signalement de Tracfin a été joint à l’enquête en cours sur les commissions touchées par l’intermédiaire des prêts du RN, l’ex-eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser.

Révélé par Mediapart en octobre 2019, ce prêt a été octroyé par Laurent Foucher, un homme d’affaires français très implanté en Afrique et proche de Claude Guéant. Il a transité par une banque basée aux Émirats arabes unis. S’il a été remboursé par le Rassemblement national en mars 2018, des questions restent en suspens sur l’origine des fonds et la rémunération perçue par l’intermédiaire du parti, l’ex-eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser.

D’après nos informations, le Parquet national financier (PNF) a été destinataire d’un signalement de Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, en décembre 2019. Ces éléments ont été joints un mois plus tard à l’enquête préliminaire déjà en cours, depuis 2016, sur les commissions touchées par Jean-Luc Schaffhauser et ses structures dans le cadre de deux prêts décrochés par le Front national (devenu Rassemblement national) : le prêt russe de 9,6 millions d’euros en 2014 ; le prêt de 8 millions d’euros qui a transité via les Émirats arabes unis en 2017.

M. Schaffhauser a été perquisitionné et auditionné dans le cadre de cette enquête. Les policiers analysent une série de flux pour comprendre le rôle précis que l’élu a joué dans l’obtention de ces deux prêts. Une demande d’entraide au sein de l’Union européenne a été faite. La coopération avec les Émirats arabes unis est, elle, beaucoup plus difficile. (...)

Avant de prendre plus récemment ses distances avec le parti, Jean-Luc Schaffhauser, consultant international, a été membre du comité stratégique de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, mais surtout un maillon important des financements frontistes. (...)

Arrivé in extremis dans les caisses du Front national – une semaine avant le dépôt du compte de campagne présidentiel de Marine Le Pen, en juillet 2017 –, ce prêt au taux très élevé de 6 % avait mis la candidate à l’abri du risque d’invalidation, et surtout de non-remboursement de ses dépenses de campagne.

Quelques mois plus tard, en octobre 2017, la Société générale avait fermé tous les comptes du parti, mais aussi ceux de Jean-Luc Schaffhauser. Marine Le Pen et l’eurodéputé avaient annoncé des plaintes à l’encontre de la Société générale pour « discrimination ». Le RN, lui, n’en a finalement jamais déposé. Questionnée par Mediapart, la Société générale s’était retranchée derrière « le secret bancaire » et avait simplement fait savoir qu’elle « exer[çait] son activité dans le respect des exigences réglementaires ».