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entre les lignes, entre les mots/Joaquim Bosch, pour l’Association et l’Association basque des journalistes
La lutte contre la violence sexiste et le retour de bâton machiste
#feminisme #femmes #patriarcat #machisme #violences
Article mis en ligne le 28 juillet 2023

Rares sont ceux qui abandonnent leurs privilèges sans résistance. Les progrès en matière de droits génèrent souvent des tensions qui conduisent parfois à des reculs : le progrès n’est pas linéaire, mais se présente sous la forme de deux pas en avant et d’un pas en arrière. Et dans la lutte contre les violences basées sur le genre, les résistances se sont sensiblement accrues.

Au cours des dix dernières années, près de 300 000 hommes ont été condamnés pour violence sexiste dans notre pays. Il s’agit d’un chiffre considérable, dû à une législation spécifique, dans un domaine où régnait auparavant une grande impunité, sauf dans les cas les plus graves. Il s’agit d’habitudes profondément ancrées dans certaines parties de notre société. De plus, ces comportements sont perpétrés dans des contextes où, historiquement, il y a eu peu de sensibilisation à l’action criminelle et trop de minimisation de la gravité de l’agression masculine.

Il s’agit de chiffres dont l’impact social est considérable. Il faut ajouter que les prisonniers ont des membres de leur famille, des voisins et des amis. La zone d’irradiation est très large. Tout cela a généré de véritables mouvements de rejet des mesures spécifiques de protection des femmes battues. Et ce rejet est le fait des secteurs sociaux qui se sentent lésés par les changements juridiques. Comme il s’agit d’un malaise d’une certaine ampleur, il a été exploité et instrumentalisé par le machisme organisé de notre pays, qui a toujours réagi avec irritation aux améliorations en matière d’égalité.

La résistance ne cherche pas à éliminer ce grave problème. Ils essaient seulement de le cacher (...)

La formule la plus récente pour camoufler cette pathologie sociale consiste à supprimer la dénomination même de violence de genre. L’objectif est de l’inclure dans la sphère de la violence domestique. (...)

Sur l’ensemble de la violence dans la sphère familiale, les agressions masculines représentent 83%. En revanche, la violence dite domestique ne représente que 13% (agressions des parents sur les enfants, des épouses sur les maris, des frères et sœurs entre eux, entre autres). Il est contradictoire de vouloir supprimer la catégorie majoritaire pour la faire disparaître et la diluer dans la catégorie minoritaire.

D’autre part, l’agression machiste a ses propres particularités : il s’agit d’une violence à l’encontre des femmes parce qu’elles sont des femmes. Elle n’est pas comparable aux différentes formes de violence domestique, comme le soulignent les conventions internationales signées par l’État espagnol. Les instruments internationaux soulignent la différence entre le sexe et le genre. Le sexe fait référence aux différences biologiques entre les hommes et les femmes. Le genre, quant à lui, est constitué des « rôles, comportements, activités et attributions socialement construits qu’une société donnée considère comme caractéristiques des femmes ou des hommes », comme l’indique la convention d’Istanbul, le traité le plus important en la matière au niveau européen. (...)

Dans le cadre de cette répartition discriminatoire des rôles, les structures sociales de genre conduisent à cette forme de violence. Il est donc essentiel de rendre ces agressions visibles par des mesures spécifiques de protection et de sensibilisation du public. La négation de la violence fondée sur le genre et l’éradication de ce traitement spécifique représentent un recul important dans la lutte contre ce fléau.

Ce que certaines voix qualifient de dictature féministe ou d’idéologie du genre n’est que le contenu des traités internationaux signés par notre pays. (...)