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le Monde Diplomatique
La menace d’une guerre nucléaire en Europe
Article mis en ligne le 15 avril 2022

En annonçant qu’il plaçait sa force de dissuasion en état d’alerte, le président russe Vladimir Poutine a contraint l’ensemble des états-majors à mettre à jour leurs doctrines, le plus souvent héritées de la guerre froide. La certitude de l’annihilation mutuelle – dont l’acronyme en anglais MAD signifie « fou » – ne suffit plus à exclure l’hypothèse de frappes nucléaires tactiques, prétendument limitées. Au risque d’un emballement incontrôlé.

Le ton de la réplique – sec, pour ne pas dire exaspéré – n’a échappé à personne. « Ne vous racontez pas d’histoires ! Cette idée selon laquelle nous allons envoyer [en Ukraine] des équipements offensifs, des avions et des chars… Vous pouvez dire ce que vous voulez, les uns et les autres, cela s’appellerait la troisième guerre mondiale . » Le 11 mars 2022, en réfutant vigoureusement les suggestions d’élus et d’experts réclamant une implication plus directe des États-Unis dans le conflit, M. Joseph Biden a fermé la porte à une opposition conventionnelle directe entre Washington et Moscou. Dans le même temps, le président américain a affirmé qu’il assumerait une montée éventuelle aux extrêmes si l’offensive russe en venait à s’étendre au territoire d’un des membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).

Une distinction est donc établie entre un espace sanctuarisé, celui de l’Alliance atlantique, et un territoire ukrainien relevant d’une catégorisation géostratégique spécifique. Laquelle, selon Washington, imposera une appréhension fine des rapports de forces entre acteurs opposés sur le terrain, une maîtrise des degrés d’implication opérationnelle de la part des soutiens déclarés de l’Ukraine (en particulier concernant la nature des transferts d’armement opérés au bénéfice de Kiev) et surtout une obligation de réévaluer en permanence les limites de la volonté russe. Avec, en guise d’objectif final, la possibilité de ménager une porte de sortie négociée acceptable par les Russes comme par les Ukrainiens. (...)

Vladimir Poutine le 24 février 2022 : « Peu importe qui essaie de se mettre en travers de notre chemin ou (…) de créer des menaces pour notre pays et notre peuple, ils doivent savoir que la Russie répondra immédiatement, et les conséquences seront telles que vous n’en avez jamais vu dans toute votre histoire. » Accompagnés d’une hausse du niveau d’alerte des forces nucléaires russes (...)