Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Libération
La militante pakistanaise Karima Mehrab Baloch retrouvée morte au Canada
Article mis en ligne le 28 décembre 2020

Défendre les droits de l’homme au Pakistan, c’est encore risquer sa vie. Même quand on n’habite plus dans le pays, et qu’on a demandé l’asile politique. C’est la seconde fois cette année qu’un activiste œuvrant en faveur d’un Baloutchistan indépendant est retrouvé mort dans son pays d’accueil.

Karima Mehrab Baloch, 37 ans, réfugiée au Canada depuis 2015, est sortie se balader dans les rues de Toronto, dimanche après-midi. « De bonne humeur », a déclaré son mari, Hammal Haider, au Guardian, balayant les allégations de suicide. Une promenade dont elle avait l’habitude, de surcroît. Cette fois-ci, elle n’est jamais revenue. Son corps a été retrouvé le lendemain, après un appel lancé par la police sur Twitter. Sa mort intervient quelques mois après celle de Sajid Hussain, journaliste qui alertait à propos des violations des droits de l’homme au Baloutchistan, la province pakistanaise la plus pauvre et la plus rurale, en proie à des conflits armés. Il vivait en Suède. (...)

Activiste depuis une quinzaine d’années, Karima Baloch a dirigé l’association estudiantine Baloch Student Organization (BSO), prenant la succession de Zahid Baloch, son oncle, lui aussi enlevé et assassiné en 2014. L’organisation avait officiellement été interdite un an plus tôt. A l’âge de 29 ans, étudiante en psychologie, elle est la première femme à accéder à une telle position. Son mouvement apparaît par ailleurs comme l’un des seuls à avoir réussi à attirer et mobiliser une population féminine. A sa tête, elle privilégie surtout des moyens pacifiques, comme des manifestations ou des marches, mais déclare également que toute lutte contre l’injustice, même armée, est légitime.

En 2016, elle fait partie du classement de la BBC réunissant les 100 femmes les plus influentes et les plus inspirantes au monde.

Malgré son départ du Pakistan, Karima Baloch n’avait cessé de se battre contre les violations des droits de l’homme dans son pays. Elle participait à des conférences, n’hésitait pas à écrire des tribunes ou à manifester. Elle dénonçait le phénomène des disparitions forcées, des accusations réfutées par les autorités pakistanaises. (...)